La corruption qu’elle soit active ou passive, constitue une source d’énormes pertes financières qui bénéficie à une catégorie restreinte de personnes  privant ainsi la majeure partie des citoyens d’accès aux infrastructures de base.

C’est ainsi que dans les 17 objectifs de développement durale adopté à l’occasion de la soixante dizième Assemblée Générale des Nations Unies, la lutte contre la corruption figure en bonne place.

Dans sa déclaration le 09 décembre 2017, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la lutte contre la corruption, le Secrétaire Général de l’ONU soulignait.  « Nous ne pourrons atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030 que si toutes les nations disposent d’institutions fortes, transparentes et inclusives, basées sur la règle de droit et soutenue par le public. »

Les Nations Unies soutiennent que la corruption est un phénomène social, politique et économique complexe, qui touche tous les pays. Elle sape les institutions démocratiques, ralentit le développement économique et contribue à l’instabilité gouvernementale.

La corruption s’attaque aux fondements des institutions démocratiques en faussant les élections, en corrompant l’État de droit et en créant des appareils bureaucratiques dont l’unique fonction réside dans la sollicitation de pots-de-vin. Elle ralentit considérablement le développement économique en décourageant les investissements directs à l’étranger et en plaçant les petites entreprises dans l’impossibilité de surmonter les « coûts initiaux » liés à la corruption

  Earthguinea.org vous propose de lire une interview du Secretaire Exécutif de l’Agence Nationale de Lutte contre la   Corruption (ALNC), Monsieur Sékou Mohamed Sylla.

Pour la Promotion de la bonne gouvernance, quelle est la mission assignée à l’Agence Nationale de Lutte contre la Corruption (ALNC), dont vous êtes le Secrétaire Exécutif Adjoint ?

L’agence nationale de lutte contre la corruption, conformément au décret 132 du 12 décembre 2012 portant sur l’organisation de la présidence de la république, a la mission d’élaborer la politique nationale pour la bonne gouvernance en menant des activités de prévention, pour la détection de la corruption et des infractions assimilées.

En 2016, une campagne internationale de l’ONUDC mentionnait que la corruption était l’un des principaux obstacles à la réalisation des objectifs de développement durable. En Guinée, quelles mesures avez-vous prises pour freiner et enrayer la corruption et atteindre les ODD ?

Avec l’appui de nos partenaires, particulièrement les fondations OSIWA, nous avons eu à  réaliser,  en collaboration avec l’institut national  de la statistique, des études et enquêtes sur la perception de la corruption et de la bonne gouvernance en république de Guinée. Avec la perspective de l’application des nouvelles dispositions  législatives, nous espérons engager  des actions appropriées. La déclaration de l’agence nationale de lutte contre la corruption  cadre parfaitement avec les réalités locales. Par la volonté de l’autorité dans le cadre de l’action gouvernementale, je pense que les dispositions sont en cours qui puissent permettre d’entamer  une réduction substantielle du phénomène de la corruption.

Quelles stratégies comptez-vous mettre en place pour vulgariser la loi anti-corruption votée par nos députés ?

Il faut reconnaitre que l’enquête n’est pas seulement la stratégie ou la méthode de l’approche pour lutter contre la corruption. La procédure de lutte contre la corruption  repose sur  un certain nombre de piliers dans la prévention, l’incrimination et la répression. Le recouvrement d’avoirs,  la coopération internationale et l’assistance technique, c’est l’essentiel des piliers sur lesquels repose une véritable stratégie de lutte contre la corruption. En ce qui concerne la Guinée, des avancées significatives ont été enregistrées dans le cadre des réformes  lancées par le Président de la république notamment en matière de consolidation de l’état de droit. La réforme du secteur de la justice, l’adoption et la promulgation  de deux nouveaux codes  prévoient un chapitre dédié à la lutte contre la corruption. Enfin, il y a eu adoption, promulgation et publication de la loi portant prévention et  répressions de la corruption en république de Guinée. En aout 2017, l’union européenne dans le cadre de son partenariat avec le gouvernement guinéen, a accepté d’accompagner la demande du secrétariat exécutif pour la finalisation de la stratégie nationale de lutte contre la corruption.

L’Agence Nationale de lutte contre la Corruption joue un rôle stratégique dans le programme gouvernemental. Quelles sont les approches méthodologiques que vous préconisez pour les enquêtes de terrain dans le cadre de la lutte contre la corruption?

Nous sommes déjà sur le terrain dans ce contexte-là, il y’ a des canaux et les moyens qui sont définis dans le cadre d’une stratégie sectorielle de communication. La sensibilisation, l’information, l’éducation et la communication paraissent déterminantes dans la vulgarisation des textes dans l’espoir de faire bénéficier les repentis, et d’exercer des actions de répression  dans le cadre de l’application de la loi.

L’ANLC demeure aujourd’hui peu, voire mal connue par les populations guinéennes. Quelle nouvelle politique entendez-vous élaborer pour amener les citoyens à s’impliquer davantage à vos côtés pour la réussite de votre mission de lutte contre la corruption? 

 Cette stratégie de communication sectorielle  définira tous les instruments, les  voies et moyens  mieux indiqués pour renforcer la démarche intérieure  de l’ ANLC en matière de promotion de sa mission surtout avec l’adoption de la nouvelle loi, permettant l’appropriation du processus de lutte contre la corruption en république de Guinée  par toutes les composantes de la nation Guinéenne.

Quelles sont les perspectives sur le plan national et international pour l’année 2018 dans le cadre de la lutte contre la corruption ?

D’abord sur le plan national avec ‘’Guinée is back’’, l’ANLC, sur l’impulsion du secrétariat exécutif, a enregistré des avancées significatives. L’ANLC  est l’une des institutions nationales de lutte contre la corruption en Afrique qui a une véritable audience sur le plan international, depuis que le pays, en tant qu’Etat est parti à la convention des nations unies qui a réussi son examen d’application. Nous avons initié des relations de partenariat avec les institutions en Afrique et sur le plan international. C’est dans ce contexte que la Guinée va bientôt abriter l’atelier régional francophone  sur le renforcement de capacité de  lutte contre la corruption sous la bénédiction de l’organisation internationale de police criminelle ‘’interpole’’, dans le cadre du programme initiative Saar Banque mondiale et interpole. La Guinée a été également choisie pour abriter la prochaine assemblée générale du réseau  des institutions nationales de lutte contre la corruption en  Afrique de l’Ouest. Sur le plan national nous espérons entre autre,  bientôt les textes d’application de cette loi qui permettra à l’ANLC  de renforcer ses capacités d’intervention sur le terrain.

Pour terminer, avez-vous un message particulier à lancer aux citoyens ?

J’interpelle toute la société guinéenne, à conjuguer les efforts pour éradiquer la corruption dans le pays parce que, la lutte contre la corruption n’est pas seulement la préoccupation des autorités, elle concerne également toutes les couches à commencer par la famille et les collectivités, bref, toutes les composantes de la société guinéenne. La corruption est un phénomène plus dangereux, plus vicieux que l’épidémie à virus Ebola que la Guinée a connue.

Bulletin du Gouvernement

 Ressources EarthGuinea.org

Définition de la Corruption:

Selon l’ Office des Nations Unies contre la drogue et le crimeLa corruption est un crime grave qui affaiblit la société. La corruption:

  • Freine le développement social et économique et accroît la pauvreté en détournant les investissements nationaux et étrangers des secteurs où ils sont le plus nécessaires;
  • Affaiblit le système éducatif et le système de santé, privant ainsi la population des composantes fondamentales d’une vie décente;
  • Mine la démocratie, car elle fausse le processus électoral et sape les institutions publiques, entraînant ainsi un risque d’instabilité politique;
  • Exacerbe les inégalités et l’injustice en pervertissant l’État de droit et en sanctionnant les victimes d’infractions qui sont confrontées à des décisions de justice viciées.

La corruption existe tant dans les pays riches que dans les pays pauvres, même s’il est démontré qu’elle frappe les populations pauvres de façon disproportionnée. Elle entrave les efforts déployés pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement convenus à l’échelle internationale. Elle sape la démocratie et l’État de droit, entraîne des violations des droits de l’homme, fausse les marchés, dégrade la qualité de vie et favorise la criminalité organisée, le terrorisme et d’autres menaces pour la sécurité humaine. Elle contribue à l’instabilité et à la pauvreté et constitue un facteur dominant qui conduit les États fragiles à la déliquescence.

Les pouvoirs publics, le secteur privé, les organisations non gouvernementales, les médias et les citoyens du monde entier conjuguent leurs efforts pour lutter contre cette forme de criminalité. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) sont en première ligne de ce combat.

Comment lutter contre la corruption?

On pense souvent que la corruption « fait partie des mœurs ». Or, chaque société, chaque secteur et chaque individu aurait tout à gagner en disant « non » à ce crime. Les quelques exemples ci-après illustrent comment dire « non » à la corruption:

  • Ratifier et incorporer la Convention des Nations Unies contre la corruption. Les pays qui s’attaquent avec succès à la corruption voient leur légitimité considérablement renforcée aux yeux de leur population, ce qui instaure stabilité et confiance.
  • Savoir ce que la Convention exige de votre État et de ses fonctionnaires. L’éradication de la corruption permet à un pays de se développer socialement et économiquement.
  • Informer le public de l’obligation qui incombe à l’État d’être exempt de corruption. Une justice égale et équitable pour tous est cruciale pour la stabilité et la croissance d’un pays. Elle contribue également à lutter efficacement contre la criminalité.
  • Attirer l’attention du public, des médias et des pouvoirs publics sur le coût de la corruption pour les services essentiels, tels que la santé et l’éducation. Lorsque les services de base fonctionnent, toute la société y gagne.
  • Apprendre aux jeunes de votre pays ce qu’est un comportement éthique, ce qu’est la corruption et comment la combattre, et les encourager à revendiquer le droit à l’éducation. Élever les futures générations de citoyens dans l’idée que les pays doivent être exempts de corruption est un des moyens les plus efficaces de leur garantir un avenir meilleur.
  • Signaler les cas de corruption. Il faut créer un environnement dans lequel prévaut l’État de droit.
  • Refuser de participer à toute activité qui ne soit ni légale ni transparente. Accroître les investissements tant nationaux qu’étrangers. Tout le monde préfère investir dans un pays dont on voit que les fonds ne disparaissent pas dans les poches de fonctionnaires corrompus.
  • Favoriser la stabilité économique en pratiquant la tolérance zéro vis-à-vis de la corruption. Un milieu d’affaires transparent et ouvert est la pierre angulaire d’une démocratie solide.

Documents à Télécharger pour en savoir plus sur les déclarations et Conventions sur la lutte contre la corruption

Convention Nations Unies:

Convention Nations Unies de lutte contre la corruption-08-50027_F

 

 

 

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