Du haut de la vingtaine, Ibrahima Kalil Bamba a vite compris que partir en occident n’est pas une solution pour mettre fin à ses rêves. Après ses études dans le secteur de l’innovation, ce jeune entrepreneur guinéen s’est lancé dans la Startup, une activité qu’il exercice depuis trois ans avec un capital de démarrage de 400.000 francs guinéens. Aujourd’hui, son chiffre d’affaire avoisine environ 16.000 dollars en seulement deux ans et demi d’activités.

Votre quotidien d’information earthguinea.org est allé à la rencontre de ce jeune qui incarne aujourd’hui un modèle pour sa génération, pour échanger avec lui sur les opportunités d’investissement en Guinée.

On vous propose de lire ci-dessous l’intégralité de l’entretien.  

Earthguinea.org : L’immigration clandestine devient de plus en plus un fléau qui frappe en majeure partie les jeunes. Quel regard portez-vous sur ce phénomène ?

Bamba : Merci pour la question. Je dirais que la jeunesse doit prendre conscience que la solution ce n’est pas forcement en occident. Moi je ne suis jamais sorti après mes études. J’ai essayé d’entreprendre ici en Guinée, et depuis que je me suis lancé il y a de cela trois ans, je suis arrivé à créer ma propre startup, c’est-à-dire ma jeune entreprise dénommée Afroline en 2017. Et depuis cette date l’entreprise se porte très bien.

Earthguinea.org : Comment avez-vous fait pour lancer votre plateforme ?

Bamba : Lorsque je lançais cette startup, je n’avais qu’un montant de 400.000 francs guinéens. A l’époque, ce n’est pas le montant qui comptait pour moi, mais plutôt j’avais l’amour de la chose, c’est-à-dire mon idée. Du coup j’avais une connaissance qui fait les va-et-vient entre la Guinée et la Turquie, j’ai remis ce montant (400.000 fg) à ce dernier. Quand il est parti, il m’a acheté des paires de chaussures, et je mettais ces paires dans mon sac pour sillonner les bureaux à Kaloum pour vendre. J’étais à la recherche d’une économie de croissance qui pouvait m’aider à aller très vite avec ma passion. A deux mois d’activités j’ai eu un chiffre d’affaire de 6 millions de francs guinéens. Ce montant m’a permis d’acheter une moto, car l’idée c’était de mettre en place une plateforme de vente en ligne. Et qui parle de vente en ligne, parle forcément de logistique. Après j’ai créé mon site web, au lieu d’un livreur, je suis passé à 3 livreurs.
Alors de 2017 à nos jours, j’ai au moins 6 livreurs à Conakry, et nous sommes représentés dans la plupart des grandes régions de la Guinée. Aujourd’hui, la startup a un chiffre d’affaires d’environ 16.000 dollars en deux ans et demi d’activités.

Earthguinea.org : Vous incitez les jeunes à entreprendre c’est vrai, mais dans quels secteurs d’activités peuvent -ils se lancer leur permettre de vite réussir ?

Bamba : Il y a plusieurs secteurs de croissance qui n’ont pas forcément besoin des millions pour se lancer. Je peux citer par exemple l’agriculture, le E-commerce (la vente en ligne), l’Artisanat, la mode (création des marques africaines). Ce sont des secteurs qui sont vides où on peut se lancer avec zéro franc pour un grand résultat.

Aussi, avec l’arrivée de l’internet c’est une grande opportunité pour nous d’entreprendre dans beaucoup de secteurs. Quand vous prenez le secteur de E-commerce, les gens n’ont pas le temps de se déplacer pour faire les achats dans les marchés, ils préfèrent acheter en ligne à travers leurs téléphones portables ou leurs ordinateurs. Il y a aussi des projets participatifs qui sont très simples, il suffit juste de s’organiser et trouver un petit montant, partir chez les propriétaires de terre pour réaliser ton projet.

Il y a aussi le secteur du textile. Aujourd’hui l’Afrique est en train de faire la promotion de ses valeurs culturelles, c’est-à-dire la tenue africaine dans tous les pays : La Guinée, le Ghana, le Togo, le Benin, le Mali, la côte d’Ivoire etc. Il y a aussi la création des applications dont beaucoup d’entreprises ont besoin. Donc ce sont des secteurs dans lesquels on peut réussir, mais il faut juste que tu crois en toi.

Earthguinea.org : L’agriculture est aussi un autre secteur porteur de croissance. Qu’en pensez-vous ?

Bamba : Bien sûr, l’agriculture est l’un des meilleurs secteurs avec tous les produits que nous consommons. Il est bon de se lancer dans ces produits, tels que la tomate, le piment, l’aubergine, le concombre, l’oignon etc. ce sont des projets à court terme, tu te lances du coup tu voies les résultats.

Earthguinea.org : De nombreux jeunes veulent partir pour laisser toutes ces opportunités derrière. Quel appel lancez-vous à l’endroit de ceux-ci ?

Bamba : L’appel que je peux lancer à ces jeunes, c’est de rester et croire en eux. Personne ne peut venir changer ce continent ou ce pays à part nous, la jeunesse. Mais si on essaie de tous quitter, qui vont alors développer nos pays. Donc c’est nous la solution pour le développement de ce continent. D’ailleurs les gens oublient que l’Etat ne donne pas de l’emploi, l’Etat garantit plutôt  l’emploi. Et d’ailleurs quand vous prenez l’Etat c’est nous, donc nous devons nous impliquer pour que notre pays soit un Etat émergent. Et l’émergence, c’est le travail.

Toutes les grandes personnes qu’on connait aujourd’hui à travers l’Afrique ont connu des obstacles et un passé douloureux, mais aujourd’hui ça va, elles sont tranquilles. On peut faire aussi comme eux, pourquoi pas mieux qu’eux. Ils ont connu des histoires, et on doit s’inspirer  de leurs histoires pour faire comme eux. Je crois que c’est possible.

Merci M. Bamba.

Je vous remercie


Sylla Youn, pour earthguinea.org

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