L’humanité a célébré vendredi la journée internationale de la convention relative au droit de l’enfant. En Guinée, l’ONG Child’s Friends (amis des enfants) a mis l’occasion à profit pour commémorer cette date. Ils ont procédé à la remise d’un important lot de vivres dans certains orphelinats de Conakry.

Nous vous proposons de lire ci-dessous l’intégralité de l’interview réalisée avec Adonis Bioh Kondiano, le président de ladite plateforme.

Earthguinea : Bonjour Monsieur Kondiano !

Kondiano : Bonjour !

Earthguinea : L’humanité a célébré le vendredi 20 Novembre 2020 la journée internationale de la Convention relative au droit de l’enfant. Que vous inspire cette date ?

A l’instar des autres pays, la Guinée a été le 14ème pays à ratifier cette convention le 20 novembre 1959 et la signature a été faite le 20 novembre 1989.  Donc il y a 31 ans, le système des nations a rendu cette journée honorifique pour les enfants. Une occasion pour l’ensemble des Etats, les parents, les leaders religieux, les acteurs impliqués dans le cadre de la protection des droits de l’enfant de commémorer cette date.

Quelles sont les activités que vous avez mises à profit à travers votre ONG pour célébrer cette date ?

Plusieurs activités ont été organisées à cette occasion pour rendre la journée honorifique. D’abord il était question de présenter un rapport global par rapport à toutes les violences flagrantes des droits de l’enfant. De janvier à maintenant, on a pu prélever 92 cas d’enlèvement d’enfant ; 315 cas de viol ; 125 cas de mariage précoce ; 44 cas d’enfants en conflit avec la loi.

C’était une occasion ultime d’attirer l’attention de tous les pouvoirs publics pour leur dire qu’aujourd’hui, les enfants qui vivent dans les conditions difficiles ou dans les conditions de détention, dans les conditions épris de justice mérite une attention particulière.

La deuxième activité, c’était une activité de synergie avec les autres ONG pour faire une remise de vivres dans certains orphelinats de la ville de Conakry. Au-delà de toutes les dénonciations, la journée était plutôt un cadre beaucoup illustratif de mettre l’enfant au centre de notre préoccupation.

Cette année, plusieurs enfants ont été victimes des violences socio-politiques en Guinée. Dites-nous, quelles démarches avez-vous entrepris dans ce sens ? 

Comme vous le constatez, le processus électoral tient compte de trois exigences : avant, pendant et après l’élection. Et nous, avant même le lancement de tout le processus électoral, notamment la campagne, on a essayé de contacter beaucoup de leaders politiques, scander des slogans et organiser dans les quartiers beaucoup d’activités dans le cadre de la sensibilisation des acteurs politiques pour leur dire que les enfants ne sont ni électeurs ni éligibles. Et au cours du processus, vous conviendrez avec moi, beaucoup d’enfants ont été victimes. Mais à ce niveau, la responsabilité est partagée à deux niveaux. Le premier niveau, c‘est d’abord les parents qui ont démissionné dans l’éducation de leurs enfants. Tenez-vous bien, pour un père de famille qui est plus ou moins responsable est capable de maintenir son enfant à la maison le jour de manifestation, le risque est moins que l’enfant là soit tué ou bénéficié d’une balle perdue.

La deuxième responsabilité, c’est du côté de l’Etat, parce que la répression par rapport à nos forces de loi, à nos forces de défense par moment fait mention d’une sorte d’exagération ou on leur inculque carrément les notions d’utilisation des armes conventionnelles. Par moment quand il y a des débordements, ils sont obligés d’utiliser les armes à feux. C’est pourquoi ça fait que et l’Etat et les parents doivent faire leur rôle pour endiguer toutes ces pratiques aujourd’hui.

Nous, à notre niveau on a essayé même pendant la période postélectorale de faire toutes les sensibilisations qu’il fallait. On a essayé, au-delà même de cette matérialisation verbale, d’illustrer ça par un rapport que nous allons publier dans les jours à venir pour faire un bilan exhaustif de tous les enfants qui ont été tués au cours du processus électoral, avant, pendant et après.

Aujourd’hui, les enfants continuent de vendre dans les rues de Conakry, d’autres font la mendicité. Vous, en tant qu’ONG, quel appel lancez-vous aux autorités de tutelle afin d’endiguer ces pratiques ?

Avant de lancer un appel à l’endroit des autorités ou à l’endroit de tous les protagonistes engagés dans la défense et la protection de droit de l’enfant, il faut se dire clairement, sans se leurrer la face, qu’aujourd’hui les conditions de vie des enfants demeurent un constat très amer. La Guinée, on est champion dans les ratifications des textes, dans la signature des conventions, mais la non-applicabilité de ces textes pose un véritable problème. Justement aujourd’hui, le droit d’une façon globale est méconnu, et particulièrement le droit de l’enfant. Et quand on parle des enfants qui vendent de l’eau glacée, des cacahuètes, la première responsabilité incombe à l’Etat. Donc c’est d’ailleurs le lieu et le moment à cette occasion du 31ème anniversaire de la convention relative au droit de l’enfant de lancer un appel pressant à l’endroit de Monsieur le président de la République qui est d’abord le premier garant de nos droits, afin de créer un cadre d’échange avec toutes les ONG œuvrant dans le cadre de la protection des droit de l’enfant.

Le deuxième appel, c’est à l’endroit du ministère de la promotion féminine et de l’enfance de créer un cadre d’échange avec tous les acteurs impliqués dans le processus de protection des droits de l’enfant, mais surtout de mettre en place une politique globale de protection des enfants qui pourrait un peu fédérer avec les familles, les encadreurs, les leaders religieux, avec toutes les personnes qui peuvent donner leur partition pour que le bien-être et le respect du droit l’enfant soit une préoccupation majeure .

Et le dernier appel c’est à l’endroit des parents qui aujourd’hui ont carrément démissionné dans l’éducation de leurs enfants. Je leur dirai que mettre au monde un enfant c’est une très bonne chose mais l’éduquer et l’encadrer est une noble et exaltante mission, une mission qui nous interpelle doublement à tous les niveaux.

Merci Monsieur Kondiano !

Je vous remercie

Entretien réalisé par Sylla Youn, pour earthguinea.org

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