Des coquelicots aux bleuets, les fleurs de William Amor, au deuxième étage des Ateliers de Paris (rue Saint-Laurent Xe), se dressent dans tous les sens, comme si elles cherchaient la lumière dans une délicieuse pagaille naturelle. Une seule chose manque pour que l’illusion soit parfaite : leur parfum. Depuis 2016, l’artiste de 38 ans fabrique des fleurs (certaines se vendent jusqu’à 380 €) à partir de déchets plastiques qu’il trouve dans la nature. « Le plastique m’a fait penser aux pétales de fleurs, encore plus sensuel que la soie utilisée dans le métier floral. » Cet amoureux de la nature a alors décidé d’emprunter les outils et la rigueur du métier pour développer sa propre technique en partant de toutes les formes de dérivés du plastique (sac, filets, cordage…). Un travail récompensé par la Ville qui lui a remis le label « Fabriqué à Paris » la semaine dernière.
« En général, les gens travaillent des matières premières et voient ce qu’ils peuvent en faire, moi je pars des déchets. Ça m’amuse de suivre le processus inverse. » Sensible à la cause de la protection de l’environnement, William Amor a décidé de laisser librement s’exprimer son indignation dans ses œuvres : « Ce sont mes réflexions, face à l’hérésie de notre société actuelle et de nos modes de consommation, qui m’ont aussi amené à développer ce projet. »
3 500 heures de travail pour un décor à Hongkong
Et, depuis le lancement, ce sont près de 30 décors et installations que l’artiste a réalisés. « Le plus important décor, qui a demandé près de 3 500 heures de travail, est certainement celui que j’ai réalisé à Hongkong. C’était une installation de plus de 13 m de hauteur et 25 m de circonférence. Ce que j’aime quand les gens découvrent ce que je fais, c’est qu’ils ne voient pas la matière. C’est pour cela que j’ai baptisé mon atelier « Création Messagère », parce que ça provoque des émotions. »
Aujourd’hui, William Amor tente de lancer sa propre entreprise en formant des personnes atteintes de troubles psychiques à reproduire ses créations. « Ce sont des troubles qui cloisonnent, qui isolent. L’idée est de montrer qu’elles sont tout à fait capables et, en même temps, il y a de véritables effets bénéfiques dans l’art thérapeutique. »
Il devra quitter les ateliers de Paris en janvier et recherche, d’ici là, de nouveaux locaux et des fonds pour continuer à faire vivre une nature qui, contrairement à la nôtre aujourd’hui, ne se fane pas.