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Aissata Yattara de la CNOP-G : « On remarque que les jeunes ne veulent pas trop s’intéresser à l’agriculture »

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La Coordinatrice Générale de la Cellule Technique d’Appui en Basse-Guinée, un service rattaché à la Confédération nationale des organisations paysannes de Guinée (CNOP-G), a été reçue par notre rédaction. Avec Madame Aissata Yattara, nous avons abordé plusieurs sujets liés à la problématique d’accès au foncier par les paysans, des conflits qui opposent les agriculteurs aux éleveurs, et enfin un appel à l’endroit des jeunes pour inciter ces derniers à s’intéresser davantage à l’entrepreneuriat agricole considéré comme l’un des leviers de développement économique.

On vous propose de lire ci-dessous l’intégralité de l’entretien réalisé par Younoussa Sylla.

Earthguinea : Bonjour Madame Yattara !

Aïssata Yattara : Bonjour !

Earthguinea : Dites-nous comment se porte le secteur agricole guinéen ? 

Mme Aissata Yattara

Aïssata Yattara : A mon avis, le secteur agricole guinéen se porte bien malgré qu’on ait encore quelques défis à relever, parce que ça il faut le reconnaitre. Mais on est vraiment en train d’aller dans le sens d’une construction pour que le développement agricole soit vraiment total et profitable à tout le monde. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de défis, et ces défis ne peuvent pas être résolus en un temps record, mais c’est à force de travailler qu’on peut relever ces défis pour que nous puissions évoluer.

On sait qu’en milieu rural l’accès au foncier n’est souvent pas facile surtout pour les jeunes et les femmes. Alors dites-nous quelle solution faut-il pour inverser cette tendance ?  

Je ne vais pas trop m’aventurer sur la situation foncière en Basse Côte. Mais tout ce que je sais, surtout par rapport à notre domaine lié aux questions agricoles, on est en train d’accompagner les producteurs à avoir accès à la terre pour leur permettre de pouvoir produire pour non seulement nourrir leur famille, mais aussi contribuer à l’autosuffisance alimentaire dans notre pays. Donc avec ça on est en train d’accompagner pas mal d’initiatives pour que les gens aient vraiment accès aux domaines aménagés pour leur permettre de produire suffisamment. Donc on les accompagne pour tout ce qui est attestation de cession entre par exemple les organisations de production et les propriétaires terriens. Et on les accompagne également pour tout ce qui est aménagement pour leur permettre d’avoir suffisamment d’eau pour pouvoir arroser leur culture. On sait quand même que l’obtention du foncier surtout en Basse Côte n’est pas une chose aisée. Il y a beaucoup de problèmes, et chaque zone a ses problèmes. Mais j’espère que dans le futur, les uns et les autres se mettront autour de la table pour régler toute cette question foncière qui est en train de déstructurer un peu la population au niveau de la région.

Les conflits entre agriculteurs et éleveurs est l’une des questions qui vous préoccupe souvent. Actuellement, quel combat êtes-vous en train de mener afin de résoudre le problème?

Notre combat est vraiment constructif. Les agriculteurs et les éleveurs sont deux entités qui ne peuvent pas évoluer les unes sans les autres. Les agriculteurs ont besoin des éleveurs tout comme les éleveurs ont besoin des agriculteurs. Alors nous, notre rôle est de faire en sorte que les deux puissent vraiment cohabiter ensemble sans se marcher dessus et sans détruire le bien de l’autre. Donc pour ça, nous encourageons les initiatives qui puissent permettre l’intégration entre les deux sans qu’il n’y ait des problèmes. Donc on le fait souvent à travers des séances de sensibilisation et de concertation. A un certain moment même on organise des formations pour ramener les deux à collaborer ensemble sans problème.

Depuis le début de l’année dernière 2020, nous vivons la pandémie de coronavirus qui, depuis un moment, affecte dangereusement les secteurs d’activités du pays. Dites-nous, quel accompagnement envisagez-vous afin de soulager vos membres?

Il faut retenir que nous ne menons pas mal d’activités pour accompagner les producteurs. Et quand on veut accompagner un producteur, c’est de la production jusqu’à la consommation, en passant par la commercialisation. Donc il y a tout un paquet d’accompagnements qui sont vraiment déroulés au niveau de ces producteurs pour leur permettre d’avoir un bénéfice de leur activité agricole, notamment tout ce qui est approvisionnement en intrants, des formations, l’apport en semences de qualité, l’apport dans les stratégies de transformation et de commercialisation. C’est des choses que nous sommes en train de développer en collaboration avec certains projets et programmes d’appui qui nous accompagnent également. C’est pour dire que la CNOPG n’évolue pas de façon isolée, on est aussi accompagné par les projets, les partenaires au développement, les bailleurs de fonds, pour nous permettre également d’accompagner ces producteurs à la base. Donc ça c’est vraiment notre mission. On est en train de le faire tant qu’on le peut. Je crois dans ces accompagnements, on ne produit pas mal de résultats sur le terrain, ce qui a permis d’ailleurs à certains producteurs de pouvoir s’occuper de leurs activités en tant que citoyens.

Quel appel lancez-vous à l’endroit des jeunes guinéens qui par exemple hésiteraient aujourd’hui à se lancer dans l’entrepreneuriat agricole?

On ne peut rien gagner en étant assis à la maison. Il faut que les jeunes se lèvent pour chercher.  Je voudrais donc attirer leur attention, surtout ceux qui ont fini l’université, que tout le monde ne peut pas être au bureau en même tant. Il y a des activités qu’on peut faire qui peuvent rémunérer plus que le travail de bureau. On remarque que généralement les jeunes ne veulent pas trop s’intéresser à l’agriculture, pourtant c’est un secteur très porteur, compte tenu de notre expérience. Il y a des gens  qui ont la compétence, ils ont le niveau, il suffit  seulement de la motivation et un peu d’accompagnement pour que tu réussisses. Alors si les gens se lançaient dans les activités comme ça je pense que ça va les aider à aller de l’avant. En tout cas nous au niveau de notre confédération, on a des volets d’insertion des jeunes. Nous, nous avons des volets d’insertion des jeunes, mais c’est des jeunes qui évoluent dans les organisations paysannes. S’il y a des jeunes qui évoluent dans les organisations paysannes, ils auront encore beaucoup plus d’opportunité d’être accompagnés que de rester à la maison sans rien faire. Je crois qu’on peut chercher du boulot, mais c’est à nous les jeunes d’avoir les initiatives, si vous avez l’initiative, vous allez trouver de l’emploi ou un métier qui vous fera vivre de façon descente et sans problème.

Pour terminer, quels sont vos vœux de nouvel an voulez-vous adresser à l’endroit de vos membres, mais aussi à l’ensemble de la population guinéenne ?

Mes vœux pour cette année 2021 est qu’on termine maintenant avec cette pandémie qui a presque paralysé toutes les activités depuis l’année passée. Et on espère que cette année ne sera pas le cas. Aussi, je souhaite vraiment qu’il y ait la paix sociale, l’entente et le développement au niveau de tous les secteurs.

Merci Madame !

Je vous remercie

Propos recueillis et réalisés par Sylla Youn, pour earthguinea.org

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