Dans les zones rurales du Burkina Faso, la sécheresse provoque depuis plusieurs dizaines d’années l’avancée du désert sur la forêt. Mais un Burkinabé septuagénaire a décidé de tenter le tout pour le tout avec une méthode artisanale. Avec quelques trous et des termites, Yacouba Sawadogo a fait repousser la forêt.

Yacouba Sawadogo est un cultivateur. Il a aujourd’hui 77 ans, et vit à Gourga, un village situé à 184 kilomètres au nord de la capitale Ouagadougou, dans la province de Ouahigouya. Il y a quarante ans, il fait face à un constat alarmant : la rareté des pluies et les sécheresses à répétition entraînaient l’avancée du désert, qui gagnait du terrain d’année en année, faisant fuir les animaux, ravageant la brousse, réduisant fortement les récoltes et entraînant l’exode des populations rurales.

« Beaucoup disaient que j’étais fou, mais je n’ai pas écouté et j’ai poursuivi mon but »

J’ai la conviction que si tout le monde se mobilise pour travailler, on peut lutter contre le désert. Parvenir à contrôler le désert, c’est aussi lutter du même coup contre la famine. La désertification devrait être une préoccupation pour toute personne vivante, parce que s’il n’y a plus d’arbres, le sol sèche, s’appauvrit, et à terme, il n’y a plus de vie.

Yacouba Sawadogo a fabriqué des cordons de pierres, un système permettant d’empêcher le ruissellement de l’eau. Cette technique permet de ralentir l’érosion des sols et de conserver l’humidité, même pendant les périodes de sécheresse.

Il se lance donc dans une entreprise en partant d’une idée simple : retenir l’eau de pluie à tout prix.

Sur mon domaine de culture, j’ai d’abord construit de petites digues sur un petit espace, puis j’ai enfoui les graines des arbres dans de petits trous appelés zaï en y ajoutant du fumier organique.

Mais le secret de cette méthode, ce sont les termites : elles nous aident beaucoup dans la restauration du couvert végétal. Elles creusent des canalisations qui absorbent l’eau de pluie et au lieu de ruisseler, l’eau stagne. Les termites viennent aussi à la surface du sol pour chercher des feuilles à manger et tout au long de leurs trajets, elles creusent des petites tranchées permettant au sol d’imbiber davantage d’eau. Et le résultat est là : les plantes poussent naturellement, et nous avons maintenant une grande forêt [sur une zone de 40 hectares, NDLR].

C’est principalement grâce aux termites, présentes en nombre dans la région, que l’eau de pluie est disséminée un peu partout sur les surfaces.

Au début, quand je parlais de cette méthode aux gens, ils disaient que j’étais fou, que ça n’allait pas marcher. Mais j’avais un but et je ne les écoutais pas. Aujourd’hui, beaucoup m’aident dans cette tâche : je leur demande de planter les arbres et de s’en occuper régulièrement.

Ces petits trous s’appellent des Zaï ; ils retiennent l’eau, et permettent de recueillir du fumier organique avant d’y disposer des semences.

Je pense qu’on peut vulgariser cette pratique sur n’importe terrain. Depuis que j’ai développé cette méthode, je peux cultiver beaucoup plus facilement, je ne manque pas de nourriture pour ma famille. Souvent j’accueille de nombreux étrangers chez moi pour leur donner à manger et j’encourage les autres à travailler de la même façon pour la protection de la nature et la lutte contre la désertification.

La méthode utilisée par le cultivateur burkinabé est appelée en agroforesterie « régénération naturelle assistée ». Artisanale et respectueuse de l’environnement, elle a été théorisée pour permettre de régénérer et de conserver les sols dans les espaces ruraux.

Cette méthode a fait ses preuves au Niger où près de 5 millions d’hectares de forêts ont été récupérés en vingt ans selon le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel. Si Yacouba Sawadogo n’a pas inventé le procédé, il a largement contribué à sa popularisation au Burkina Faso.

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