L’humanité a célébré ce lundi 22 mars 2021, la journée internationale de l’eau. Une occasion pour chaque pays de mettre un accent particulier sur l’importance de l’eau à travers notamment les messages de sensibilisation auprès des autorités afin de prendre des mesures pour lutter contre la crise d’eau. 

La Guinée qui est longtemps considérée comme « le château d’eau de l’Afrique de l’ouest »,  ses citoyens continuent d’être frappés par un manque criard d’eau.

A Coléah par exemple, un quartier populaire situé dans la commune de Matam, l’eau est devenue une denrée rare. Pour s’en procurer, il faut débourser une somme allant 1000 à 20.000 fg, selon les besoins.

Depuis quelques mois Madame Kouyaté Yannaty Sankon, habitante au secteur Lancéboundji n’a pas une goutte d’eau dans son robinet. Pour en avoir, elle est obligée d’acheter, à défaut d’aller chez les voisins.
« Nous sommes confrontés au problème d’eau. Moi par exemple, je suis obligée de payer 20.000 francs pour 20 bidons d’eau, un bidon à 1000 francs. La cuve que nous avons chez nous, on l’alimente chaque jour. Les garçons viennent avec les charrettes pour transporter difficilement les bidons pour que les toilettes soient alimentées d’eau.

Heureusement, il y a des voisins qui ont fait des forages, dès fois c’est là-bas qu’on s’alimente. Mais ce n’est pas facile, on ne peut pas y aller tout le temps. Et on ne peut pas non plus rester aussi sans eau. Donc depuis huit mois on n’a pas une goutte d’eau ».

Mansal Gassy, un jeune du même quartier, dit qu’il ne s’est pas lavé la nuit dernière par manque d’eau. Pour y trouver de l’eau, il est parfois obligé de faire recours à ses voisins.

« C’est difficile d’avoir un bidon d’eau. Hier par exemple, j’ai passé la nuit sans me laver. Et ce matin, je suis passé dans un coin pour puiser de l’eau pour pouvoir me laver. Actuellement un bidon coûte 1000 fg. Et depuis ce matin, je n’ai vu aucun vendeur d’eau pour pouvoir acheter quelques bidons au moins pour la maison. Ici on souffre énormément, parfois il faut se réveiller à 5h pour voir si l’eau sort de la pompe ou pas. Et cela depuis plusieurs mois ».

Déçu de l’attitude des autorités, Mohamed Diakité a tenu tout simplement attirer l’attention des décideurs afin de trouver solution au manque d’eau dans les quartiers.

« Notre pays est désordonné. Donc je fais appel à notre Etat de venir en aide pour aider les citoyens à avoir de l’eau, car sans l’eau l’Homme ne peut pas vivre. Les femmes souffrent aujourd’hui parce qu’il n’y a pas d’eau dans les ménages. L’eau est payée aujourd’hui un peu partout. Il faut qu’ils essayent de changer la manière afin d’aider les citoyens ».

Comme pour dire que quand il y a une rareté, les femmes sont les premières à être touchées. Fatoumata Camara, élève au collège, pousse le même cri d’alarme.

« Actuellement on n’a pas d’eau.  Chez nous l’eau ne sort même pas dans les robinets, cela a fait des années. Et c’est au forage qu’on vient pour puiser l’eau chaque jour pour remplir les bidons et les transporter à la maison. Je demande à l’Etat de nous aider à avoir l’eau, parce que parfois les forages sont souvent remplis du monde ».

Avant, Madame Souaré Fatoumata Diallo ravitaillait tout son entourage à partir de son robinet. Mais aujourd’hui, son robinet ne fonctionne plus et elle se retrouve dans les mêmes situations que les autres depuis plusieurs jours.

« Pour le moment c’est très difficile.  Moi depuis sept ans je suis dans ce quartier, mais je n’ai jamais eu ce problème sauf cette fois-ci. Les gens n’ont pas été avertis, on ne sait pas s’il y a un problème ou pas. Je n’ai pas regardé le journal depuis un moment, mais j’aurais appris qu’il y aurait un problème technique, ça fait deux semaines, donc je ne sais pas si c’est vrai ou faux.

Dans mon robinet je n’ai plus d’eau. Et là où je suis c’est moi seule qui avais l’eau dans robinet et les autres venaient se ravitailler chez moi. Mais depuis que l’eau ne vient plus, tout le monde se retrouve aujourd’hui dans le même problème. Et aujourd’hui on paie avec les charretiers un bidon à 1000 francs. Le guinéen souffre, le château d’eau d’Afrique et avec ça on souffre encore du manque d’eau ».

Il faut signaler que la majorité des populations guinéennes frappées par la crise d’eau pointe parfois du doigt la vétusté des infrastructures et le manque d’investissement des pouvoirs publics dans le réseau d’adduction de la ville de Conakry.

Sylla Youn, pour earthguinea.org

Leave A Comment