Quitter la mendicité pour apprendre un métier, tel a été l’objectif de ce groupe de jeunes en situation de handicap physique réunis au sein d’une association appelé Wakilarè en Pular ou encore Courage en français.  Ils fabriquent divers articles : chaussures, sacs, porte-monnaies, pochettes, blocs notes… à base des tissus parfois traditionnels ou des cuirs avec un revenu mensuel qu’ils se partagent à la fin de chaque mois.

Rencontrés à leur siège au quartier Almamya dans l’enceinte du complexe culturel de la Bluezone de Kaloum, ces jeunes s’expriment sur leur quotidien qu’ils vivent différemment des autres. Leur président Tendiano Tamba Bernard, raconte comment cette structure artisanale a été mise en place.

« C’est une association qui a été créée le 1er février 2016 pour mettre en faveur des personnes en situation d’handicap. Nous travaillons essentiellement sur l’artisanat une activité qui est beaucoup sollicitée par les personnes en situation d’handicap pour un accès facile à leur autonomisation. On a décidé de faire cela pour éviter de toujours tendre les mains aux gens. Et donc on préfère travailler et gagner par notre propre sueur pour pouvoir nourrir nos familles et satisfaire à nos besoins ».

Au début, la structure a démarré par un simple cours d’alphabétisation pour apprendre comment lire et écrire, d’où ces jeunes ont eu l’idée de mettre en place une activité artisanale qui peut leur permettre d’être autonomes.

« Nous avons commencé par l’alphabétisation pour apprendre à lire et écrire, quelques temps après on a eu l’idée de mettre une activité artisanale en place. Aujourd’hui nous sommes au nombre de 8 personnes qui travaillent tous ici. On a une boutique à côté de l’hôpital Ignace Deen qui est gérée par une fille, elle aussi est handicapée comme nous. Et à nos côtés, on a approché 5 personnes valides qui nous aident à coordonner certaines de nos activités et trouver des clients pour nous ».

« Nous travaillons sur trois volets, le premier c’est l’artisanat, le deuxième c’est la maroquinerie et le troisième c’est l’alphabétisation. Nous faisons donc les sacs, les chaussures, les portes monnaies, les blocs-notes à partir des tissus traditionnels guinéens ».

Ces jeunes confectionnent environ 15 articles par jour qu’ils acheminent vers leurs points de vente. A la fin du mois, ces gains sont collectés et partager entre tous les membres. Malgré ces avantages, il subsiste quelques difficultés d’ordre matériel auxquelles ils sont confrontés.

« Nous avons des difficultés de matériel et des matières premières, là où on paie ces matières première à Labé pour amener jusqu’à Conakry, c’est très cher. Aussi nous n’avons pas de local, là où nous sommes actuellement nous sommes en location. Je demande aux autorités de nous aider à avoir des logements où dormir. Il y a certains parmi nous qui n’ont pas de logement. Si on renonce à la mendicité pour faire un travail, et après le travail on ne doit plus se regrouper au marché Niger sur les tables pour y passer la nuit avec d’autres mendiants, ça ne fait pas une bonne image. Et pour avoir une bonne image, il faudrait qu’on ait notre propre logement ».

Cet appel est donc lancé à l’endroit des autorités notamment du ministère de l’action sociale, de la promotion féminine et de l’enfance, avec qui ils tissent une étroite collaboration qui s’inscrit dans le cadre d’assistance.

« Nous avons un bon partenariat avec le ministère de l’action sociale qui nous accompagne beaucoup, pas en financement mais c’est quand il y a des séminaires ils nous proposent des commandes, ils nous invitent aussi dans les expositions. Les autres ministères tels que le commerce et  celui du tourisme, nous accompagnent aussi dans les évènements internationaux. Et je ne fais que les remercier pour ça ».

Autrefois, Abdoulaye Diallo faisait la mendicité pour survivre, mais depuis qu’il a découvert  cette association ( Wakilarè) il travaille là et bénéficie les mêmes opportunités que les autres. 

Abdoulaye Diallo

« Je suis là depuis 2016, avant je faisais la mendicité mais maintenant je ne fais plus,  c’est à partir de là que je nourris ma famille. Je demande à toutes les autorités de nous aider et à aider tous les handicapés à améliorer notre travail pour pouvoir aller de l’avant ».  

Marié et père de 2 enfants, Ibrahima Camara a intégré l’association depuis 2017. Depuis cette date, il ne fait plus la manche dans la rue.  

Ibrahima Camara

« Moi je fais la cordonnerie et la maroquinerie, je fais aussi les sacs en cuir. Quand on fait le marché, je gagne ma part, et c’est dans ça que je vis et nourris ma famille. Quand un de mes enfant tombe malade, je le soigne à partir de là. Aujourd’hui je me sens bien ici. Je dirais aux autres amis handicapés de faire comme nous, de se joindre à nous pour éviter de continuer de faire la mendicité ».

Il faut rappeler que ces jeunes ont pour objectif de faire de Wakilarè une grande entreprise pour des personnes à mobilité réduite afin de leur permettre de sortir de la mendicité.

Sylla Youn, pour earthguinea.org

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