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Semaine de l’électricité : Quand les citoyens interpellent l’autorité guinéenne sur son rôle régalien

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Les autorités du secteur de l’énergie viennent de lancer la semaine de l’électricité, l’un des projets phares porté par le ministère de l’énergie. Il vise à rapprocher la société EDG de ses abonnés en vue de faire des discussions sur les problématiques de la fourniture et  la consommation d’électricité en Guinée.

Sur le terrain, certains citoyens pensent que cette démarche des autorités en charge de l’énergie est défectueuse, dans la mesure où le besoin  en matière d’électrification de toute l’étendue de la Guinée reste un véritable défi.

« Concernant la semaine d’électricité organisée par le gouvernement, je trouve qu’ils ont raté le pas. L’électricité reste une infrastructure capitale pour le développement. Ça veut dire que l’énergie est pour le développement comme l’oxygène pour l’être humain. Donc pour le faire, il faut le faire bien. La Guinée a injecté trop de fonds dans l’électrification de notre pays. Je salue de passage les initiatives du président dans ce sens. Mais on ne peut pas dépenser des milliards dans quelque chose sans le suivre, l’évaluer et savoir combien ça peut rapporter », s’explique Oumar Diakité, un citoyen résident à Conakry, qui se dit être contrarié de cette politique qui n’honore aucunement la démarche qui consisterait à résoudre le problème électrique en Guinée. 

Ainsi, il pense que le gouvernement doit plutôt aller au-delà d’une simple politique de sensibilisation, pour doter les ménages du courant électrique, avant de mettre en place un système de contrôle sur la consommation de chaque ménage.

« Si aujourd’hui on est en train de sensibiliser la population pour l’utilisation rationnelle d’électricité produite par l’État, l’Etat aussi doit être capable de mesurer  la consommation de tout un chacun. C’est  à travers cette mesure qu’on doit au moins fixer le tarif que chacun de nous doit payer. Mais si par exemple tu consommes ou tu ne consommes pas tu dois payer 100 mille francs, c’est difficile », s’indigne notre interlocuteur, avant de lancer ceci :

« En plus, les gens doivent réduire la consommation. Si par exemple tu prends l’habitude de laisser les appareils branchés et sortir, avec ça tu ne paies que 300 milles francs par mois, pourtant tu laisses la télévision, le réfrigérateur, les ventilateurs et tout le reste branché, normalement le mois à venir tu dois payer un 1 million. C’est pourquoi prochainement en sortant, tu seras obligé de prendre soin de ta consommation. Comme on dit en environnement ‘’pollueur payeur’’, donc l’énergie aussi doit être ‘’consommateur payeur’’ ? C’est-à-dire ce que tu consommes, c’est ce que tu paies. Il ne faut pas aussi qu’on évolue de façon forfaitaire », regrette Oumar Diakité.

Plus loin, il s’insurge contre ceux-là qui estiment que l’Etat guinéen a toujours subventionné l’électricité, avant de proposer ce à quoi les autorités doivent s’atteler à priori.

« Quand j’entends parler en Guinée que l’Etat subventionne l’électricité, ça me casse la tête. La capacité d’énergie installée dans d’autres pays est une régie financière pour l’Etat, ça doit faire rentrer l’argent. Par exemple si on injecte cent millions, on doit s’attendre à l’arrivée de trois cent millions. L’énergie est chère pour ça. Surtout l’énergie que nous consommons, l’énergie hydroélectrique, ce n’est pas une énergie à utiliser n’importe comment et payer à la fin du mois des miettes. Par exemple dans certains d’Afrique, les accessoires que je viens de citer, si un consommateur a tout ça dans sa maison,  tu risques de payer 500 mille par jour. Il faut prendre l’Europe, la location n’est pas trop chère mais l’eau et l’électricité coûtent très chères. C’est ce qui augmente aussi la capacité d’investissement de l’Etat. Plus l’argent rentre, plus l’Etat pourrait faire face aux besoins vitaux. Mais le peu d’argent qui vient aussi rentre dans la poche de chacun. Imaginer le nombre de détournement qui se passe dans le secteur, quand tu vois les réalisations de certains responsables, je vous rassure que ça ne vient pas de leurs salaires ».

Poursuivant, il interpelle la société EDG à prendre ses dispositions face à la desserte du courant électrique:

« L’EDG, au lieu de motiver la population sur l’utilisation rationnelle de l’énergie, elle doit plutôt aménager leur méthode de travail. L’EDG n’est pas dans la réactivité, ils ne sont pas prêts, parce qu’ils ne sont pas là lorsque le besoin se fait ressentir », a-t-il dénoncé, tout en interpellant le gouvernement guinéen à reformuler sa politique d’exporter le courant vers les autres pays.

« Je ne dis pas que la Guinée ne peut pas transporter le courant ailleurs, la Guinée peut bel et bien exporter le courant ailleurs. Mais c’est comme un père qui a sa famille à la maison, qui cherche l’argent, qui nourrit d’autres famille ailleurs et que sa famille est affamée. Alors dites-moi, à part la zone de Conakry et quelques villes de la Basse Côte, quelles sont les villes de l’intérieur qui ont suffisamment de l’électricité, je dirais que c’est peu. Donc si l’Etat veut exporter de l’énergie ailleurs, étant donné qu’il y a une bonne partie de  la Guinée qui n’a pas accès à l’électricité, alors c’est une mauvaise politique. Il faut d’abord que les guinéens se jouissent de l’existence de la capacité d’énergie installée avant que les autres pays en bénéficient », a fait savoir notre interlocuteur, avant d’ajouter.

« Je me dis que l’Etat veut revendre le courant parce que l’argent qu’il peut gagner en exportant le courant, il ne peut pas gagner ça en Guinée. Mais il doit retourner à la base pour bien reformuler la politique pour avoir de l’argent en Guinée. Il faut que les gens aussi paient le courant et c’est ça le développement. Tout pays qui s’est développé aujourd’hui, c’est parce que les gens paient le courant, c’est une rédevabilité, et la rédevabilité est un critère de développement. Donc consommer le courant sans payer est un retard pour le pays, car ça impacte la capacité d’investissement de l’Etat », a-t-il conclu.

Sylla Youn, pour earthguinea.org

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