A quand la Guinée pourra révolutionner son système de gestion des déchets ? En tout cas la question demeure encore sur les lèvres des plus avertis qui estiment que le traitement des ordures dans la capitale Conakry, est loin d’être une réalité.

Face à cette question, plusieurs mesures semblent envisagées par le gouvernement qui tarde tout de même à être concrétisées.  D’où l’intervention d’ailleurs de certaines ONG qui se lancent dans les formations des coalitions pour apporter à leur manière, leur contribution à ce secteur.

C’est le cas par exemple de la fédération des gestionnaires de déchets de Guinée, présidée par Sory Camara, qui estime que la responsabilité sociale des gouvernements et entreprises doit être une priorité dans la gestion des déchets à Conakry.

« Notre fédération est une nouvelle plateforme environnementale nationale. Elle est composée des PME, des GIE (groupements d’intérêts économiques), des ONG des centres de recherches et de formation qui interviennent dans la chaine de valeur pour l’assainissement au niveau de la Guinée »

« Elle a également ses points focaux au niveau de la sous-région et dans quelques pays de l’Europe et l’Amérique. Aujourd’hui la fédération s’est dotée d’un plan stratégique sur cinq ans de 2018 à 2023. Et les actes prioritaires de ce plan consistent  à l’assainissement, la collecte écologique des déchets, la création de l’emploi vert et l’autonomisation des femmes et des jeunes à travers la valorisation des déchets », a-t-il fait savoir.

Faute de ramassage régulier des déchets, les riverains les abandonnent en pleine rue avant de les brûler par endroit. Dans certains marchés tels que Matoto, Gbessia, Entag, Madina et autres, des citoyens cohabitent avec des tas d’immondices. Impuissants face à cette situation, ils sont les premiers à subir les conséquences telles que les maladies et tant d’autres.

« Aujourd’hui nous avons 3 millions d’habitants dans la ville de Conakry ; ce qui nous fait observer une production de plus de 1800 tonnes de déchets par jour potentiellement produits parmi lesquelles nous avons plus de 270 tonnes de déchets plastiques, 108 tonnes de verres, 162 tonnes de papiers et autres ».

Pour réduire une telle quantité d’ordures dans la ville de Conakry, il faut nécessairement faire un état des lieux conséquent, tirer les leçons par rapport au projet antérieur afin d’envisager des solutions, propose notre interlocuteur Sory Camara.

« Il faut faire une analyse des parties prenantes, une analyse très approfondie de toutes les contraintes. Mais aussi de faire un plan de gestion et de prévention de tous types de déchets qui sont là.  Proposer la mise en place de l’industrie écologique, renforcer la capacité des jeunes et des femmes pour les employer au niveau de ces structures ».

Notre interlocuteur a rappelé en outre que les ordures sont devenues aujourd’hui un moyen de pression pour certains dans les manifestations de rue à Conakry. Cela constitue un risque énorme au sein des populations, telles que les maladies, les catastrophes naturelles, mais aussi la pollution de l’environnement et de l’écosystème.

« Concernant les maladies, il y en a plusieurs dont nous sommes victimes, notamment le palu, la fièvre typhoïde, les cancers, la pneumonie etc. Quand nous prenons les catastrophes naturelles, nous comprenons que nous connaissons énormément d’inondation par endroit, nous avons aussi le changement climatique qui nous touche énormément », soutient-il.

Sory Camara reproche aux acteurs étatiques et privés d’être moins impliqués dans la résolution de cette question d’ordures dans notre pays. Il ajoute ceci:

« Véritablement, il faut retenir que la problématique de l’assainissement est transversale, mais l’implication de tous les acteurs n’est pas effective, notamment ceux des secteurs de l’élevage, de l’agriculture, de l’urbanisme et de l’habitat, leur implication est insuffisante, ce qui fait que les solutions ne sont pas encore très efficaces ».

Pour terminer, notre intervenant a lancé un appel à toutes les parties prenantes pour leur implication effective, mais aussi leur contribution financière et logistique, et même sur le plan de ressources humaines afin de rendre la ville propre et vivable.

Sylla Youn, pour earthguinea.org

Leave A Comment