Mois de l’Enfant : ‘’Ils sont les plus exposés aux accidents, à la maladie et aux viols’’, Dr Yansané Fanfan Touré
Cette semaine, nous avons rencontré la Coordinatrice de l’Observatoire de Défense des Droits de l’Enfant, Dr Yansané Fanfan Touré, c’est à l’occasion de ce mois de Juin dédié à l’enfant. Cette chirurgienne dentiste de formation et leader d’opinion s’investit depuis des années dans la promotion et défense des droits des tout petits.

Plusieurs activités ont été organisées à cet effet, des ateliers de formations et de sensibilisation, notamment autour de la vulgarisation et la promotion des textes régissant la défense et la protection de droit de l’enfant en République de Guinée.
Pour elle, le combat pour la cause des enfants est loin d’être terminé tant que ces derniers continuent d’être victimes d’une certaine forme d’injustice sociale. Cependant cette année, la célébration de ce mois intervient dans un contexte de crise sanitaire, où malgré la situation certaines activités ont pu être réalisées.
« Même à cette période de confinement, on essaie de s’occuper des enfants, de leur venir en aide en leur offrant des cadeaux. D’habitude, on faisait des consultations dentaires gratuites, on essayait aussi d’organiser des activités sportive ou culturelle, mais maintenant avec cette période d’urgence sanitaire, les activités sont très réduites », a fait savoir Madame Fanfan Touré, qui rend par ailleurs, un vibrant hommage au Département de tutelle pour les actions entreprises en faveur des enfants.
« Au niveau du ministère des affaires sociales, cette année, ils se sont beaucoup plus appesantis sur les enfants qui sont incarcérés à la maison centrale, c’est-à-dire les enfants en conflit avec la loi. Durant ce mois, on va essayer d’évaluer pour voir est-ce que les droits des gens ont avancé ou reculé, ensuite projeter et faire des propositions ».
Notre interlocutrice aurait offert plusieurs dons aux enfants à l’occasion de cette crise sanitaire de la pandémie du Covid-19, a-t-elle indiqué, ces dons sont composés essentiellement des kits sanitaires, à savoir des seaux, des bavettes, de l’eau de javel, les savons, etc.
« La plupart de ces dons ont été orientés aux familles et par commune. Par exemple dans la commune de Kaloum, nous avons offert des sceaux, des gels hydro-alcooliques, c’est une façon d’aider les familles à protéger les enfants qui sont la principale cible de nos dons. Nous sommes partis directement vers les parents pour les sensibiliser ».
Inquiète de la vitesse dont la maladie peut se propager, ce médecin de profession recommande ceci : « Les gens soignent beaucoup plus les symptômes, il n’y a pas de traitement avéré. Donc il faut vraiment se focaliser sur la prévention, à savoir le lavage des mains, tousser dans les coudes, utiliser des mouchoirs jetables, et essayer de laver cinq à six fois les mains par jour. Et de préférence l’eau et le savon soit dix pourcents. Ensuite, la distanciation sociale qui est beaucoup plus importante. Entre deux personnes, il faut 1m50 ou1m80, mais on a remarqué qu’en Guinée, c’est ce qui n’est pas respecté ».
Insistant sur la stratégie de bouter cette maladie, madame Fanfan indique : « Il faut avoir le maximum de tests de maximum de personnes. Ensuite, la sensibilisation, ils doivent passer la sensibilisation à tous les niveaux, à travers les chefs de quartiers, les chefs de secteurs, de districts, les concessions, pour expliquer aux gens que la contagion est très rapide, et que tu ne peux même pas te rendre compte que tu es avec quelqu’un qui est infecté. Il peut être apparemment en bonne santé, mais il a le virus. Il y a des gens qui sont asymptomatiques, ils ne toussent pas, ils ne sont pas couchés, ils se promènent comme tout le monde, mais ils sont malades. Donc les gens comme ça transmettent plus facilement au plus grand nombre. Donc le test doit être primordial. On doit aussi suivre les règles édictées par l’OMS et l’ANSS, et si ces consignes sont respectées par les familles, je pense que même les enfants seront épargnés ».
Pour elle, les droits des enfants ne sont respectés ni dans les familles ni dans notre société en général. Pourtant, a-t-elle affirmé, ces derniers ont droit à une vie comme tous les autres. Elle ajoute :
« Ce qu’on remarque, malgré la période de Covid-19, les enfants continuent à vendre de l’eau, des glaces, des oranges, ils sont généralement âgés de huit à douze ans. Ils sont les plus exposés aux accidents, à la maladie et aux viols. Tu peux voir les petites filles de douze ans et de dix ans en train de vendre, quand tu leur demandes, tu verras qu’elles vivent avec des personnes qui ne sont vraiment pas leurs parents. D’autres sont avec leurs parents mais qui les exploitent pour leur apporter quelque chose à la fin de la journée. Alors qu’à cet âge, ces enfants ont droit à une meilleure condition de vie comme tous les autres enfants. Donc à partir de ce constat, on se rend compte que les droits des enfants ne sont pas du tout respectés dans les familles », a-t-elle conclu.
Sylla Youn, pour earthguinea.org