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Guinée/Services sociaux de base : seulement 24 pour cent de la population guinéenne a accès à l’eau potable (enquêtes)

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La structure State View International en collaboration avec Afro-baromètre vient de réaliser une enquête sur le taux d’accès des Guinéens à l’eau potable, l’électricité et les services de santé. Les résultats de ces enquêtes ont été rendus publics le mercredi dernier lors d’un point de presse.

Parlant de ces enquêtes justement, le Directeur Général de State View International, Dr Aliou Barry, était l’invité du journal ce vendredi sur les antennes de la radio nationale. On vous propose de lire ci-dessous l’intégralité de l’entretien réalisé avec nos confrères de la RTG décrypté par Younoussa Sylla pour earthguinea.org


Bonjour Dr Aliou Barry !

Bonjour !

Afro-baromètre à travers votre structure State View International vient de réaliser une enquête sur certains secteurs sociaux en Guinée. Qu’est-ce qu’on peut retenir de cette enquête ?

Je voudrais rappeler que notre réseau mène des investigations régulières sur la qualité de la vie, la démocratique et la gouvernance dans les pays qui sont considérés comme des pays démocratiques. C’est-à-dire les pays qui ont réussi à organiser au moins une fois les élections libres, transparentes, crédibles et acceptée de tous. Actuellement, l’Afrique compte 35 pays dont la Guinée. Donc nous sommes au huitième tour de réalisation des enquêtes dans le cadre du réseau afro-baromètre. Et nous venons récemment de présenter les résultats relatifs aux priorités des Guinéens en matière de développement en mettant un accent particulier sur l’accès à l’eau,  à l’électricité et à la santé.

Monsieur le Directeur, si nous prenons le secteur de l’eau, quel est le taux d’accès des Guinéens aujourd’hui à cette denrée de première nécessité ?

On peut dire qu’en termes de taux d’accès, il y a 24 pour cent de la population guinéenne qui a accès à l’eau potable de façon régulière avec une moyenne de l’Afrique subsaharienne de 25 pour cent. Ce qu’il faut retenir, c’est que la Guinée qui est le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest, nous avons encore 40 pour cent des ménages guinéens qui manquent d’eau potable, que ça soit au robinet avec la SEG ou avec le forage ou d’autre chose.

Au niveau du secteur de l’électricité, il y a 33 pour cent des ménages guinéens qui sont aujourd’hui raccordés au réseau de l’Electricité de Guinée (EDG), ce qui est quand même un progrès immense qu’il faut saluer, car ce sont des efforts considérables déployés par le gouvernement pour arriver à ce taux. Il faut aussi préciser que pour la moyenne pour l’Afrique subsaharienne en termes de taux d’accès à l’électricité est de 43 pour cent. C’est vrai que notre pays n’est  pas encore au niveau de la moyenne mais je pense qu’il ne reste pas beaucoup pour qu’on puisse effectivement atteindre la moyenne. Les attentes des populations sont assez importantes, mais ce qu’il faut préciser, c’est que la Guinée a traversé pratiquement deux décennies où il n’y a pas eu d’investissement dans les secteurs de l’eau et de l’électricité. Et vous savez que nous avons une croissance démographique rapide, un rythme d’urbanisation sans précèdent. Si on prend par exemple le cas de Conakry, quelques années au paravent, la capitale se limitait à Matoto. Aujourd’hui on parle de grand Conakry : Fria, Coyah, Dubreka et jusqu’à Mafèrinyah. Malheureusement, les investissements n’ont pas toujours suivi ce rythme de croissance  de la population et de l’urbanisation de Conakry et des grandes villes de l’intérieur.

Monsieur le Directeur, si on s’en tient à ces taux d’accès à ces services sociaux de base, on se rend compte qu’il y a eu beaucoup plus d’investissement dans le secteur de l’électricité que celui de l’eau ?

Absolument, il y a eu des investissements importants. C’est aussi le secteur qui demande de gros moyens. Il n’y a pas eu autant d’investissement dans le secteur de l’eau que dans le secteur de l’électricité.

L’autre secteur que vous avez touché dans l’enquête, c’est celui de la santé. Qu’est-ce qu’on retient de là ?

La Guinée, du point de vie de la santé, est un pays fragile. Nous avons connu l’épidémie d’Ebola qui a touché principalement trois pays de la Mano River Union. Et nous avons en face actuellement la COVID-19. Ce qu’il faut retenir fondamentalement, c’est que la proportion des guinéens qui ont des difficultés d’accès aux soins médicaux est en train d’augmenter. Nous sommes passés de 48 pour cent en 2017 à 61 pour cent aujourd’hui. C’est quand un rythme important.

Il y a des Guinéens qui disent qu’ils n’ont pas accès aux soins médicaux pour des raisons liées au coût élevé, je parle bien des services publics. Le coût élevé des soins médicaux est lié en grande partie à la corruption, donc le paiement non officiel dont les patients sont confrontés quand ils vont dans les services publics de santé.

De telles enquêtes aboutissent souvent à des recommandations et à des suggestions. Quelles recommandations faites-vous donc?

Bien sûr, ce que nous recommandons, c’est que la Guinée est un pays champion dans l’élaboration des programmes et projets de développement qui sont des programmes projets porteurs. Et là où nous, nous pressons souvent c’est dans la mise en œuvre de ces programmes. Il y a par exemple l’agence nationale d’inclusion économique et sociale (ANIES) qui essaie de lutter contre la pauvreté et l’inégalité sociale. Il y a aussi l’ANAFIC (agence nationale de financement des collectivités), tout ça ce sont des efforts du gouvernement pour essayer de lutter contre la pauvreté. Ce qu’il faut retenir fondamentalement à travers tous ces résultats, c’est que c’est là où se trouve le fossé entre riches et pauvres, la différence  entre ceux qui sont considérés comme des Guinéens qui ont une pauvreté vécue (deux ménages sur trois), parmi ces Guinéens qui sont pauvres, qui ont des difficultés énormes d’accès à l’eau, à l’électricité et la santé, contrairement aux ménages qui sont relativement aisés. Donc c’est important de déployer des programmes comme ça pour lutter contre la pauvreté et réduire l’inégalité sociale en Guinée.

Sylla Youn, pour earthguinea.org

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