Guinée/Eau minérale : Un citoyen partage son avis sur les conséquences écologiques des emballages plastiques
Depuis un moment, certains citoyens guinéens s’interrogent sur la floraison d’eau minérale naturelle sur le marché. Un produit de grande consommation, malgré sa nuisibilité très importante sur le plan environnemental.
Interrogé sur la question, Abdoulaye Sadio Diallo, Chercheur en environnement, accuse les services publics d’être à la base de cette émergence des sociétés de fabrication d’eau grâce à l’insuffisance du service rendu à la population.
« On peut dire sans risque de se tromper que c’est les services publics notamment la SEG (Société des Eaux de Guinée) qui n’a pas suffisamment fourni de l’eau potable dans les foyers des guinéens. S’il y avait suffisamment d’eau potable en milieu urbain et en milieu rural, ça ne donnerait pas l’occasion aux entreprises de forage d’émerger. Cette émergence est quelque part salutaire parce que les gens ont quand même de l’eau, mais la nuisibilité est dominante ».
Il ajoute que les entreprises qui font ces sachets d’eau ne font pas beaucoup d’effort pour éduquer la population sur l’utilisation des emballages produits. C’est pourquoi, dit-il, après l’utilisation, par manque d’information, les sachets sont jetés le plus souvent dans les caniveaux.
« Quand ils jettent dans les caniveaux, les caniveaux aussi conduisent automatiquement ces emballages vers la mer ou les marigots à travers les eaux de ruissellement. Or cela a de sérieuses conséquences sur non seulement les produits halieutiques, mais aussi sur les cultures dans les basfonds. Il y a beaucoup de terre quand vous voulez travailler, quand vous renversez la terre vous ne verrez que des sachets plastiques. Et cela empêche les plantes vivrières de s’enraciner profondément dans le sol ».
Ainsi, il demande à l’Etat de réglementer le secteur afin de donner une eau de qualité à la population. Car la plupart d’entre ces sociétés, précise-t-il, n’ont pas réellement le certificat de laboratoire autorisé pour certifier la qualité des eaux livrées à la population.
« Le service même qui attribue l’agrément à ces entreprises dit ne pas connaitre le nombre qui opère actuellement. Et c’est là que vous vous rendez compte que ces entreprises contournent les procédures pour ne pas fournir de l’eau de qualité. C’est là le problème. Chacun achète une machine de forage, il va faire un forage même si la nappe phréatique est compromise. Il tire de l’eau, il emballe ça facilement et il donne à la population innocente, qui ne connait pas si c’est certifié ou pas ».
Pour cet environnementaliste, pour éviter de compromettre la salubrité de notre cadre de vie, il est indispensable que les sociétés d’eau doivent fédérer leurs efforts pour instaurer une éducation citoyenne afin d’amener la population à mieux se comporter face à l’utilisation rationnelle des sachets plastiques.

Abdoulaye Sadio Diallo, Chercheur en environnement
« La population est exposée à de multiples dangers. D’abord c’est de consommer une eau non certifiée, et ensuite il y a des emballages qui sont issus de ces produits qui sont abandonnés. Donc il n’y a pas une éducation pour que la population se comporte comme ça se doit. Il faut réellement que toutes ces entreprises de fabrication minérale fédèrent leurs efforts pour que la population soit suffisamment avertie de comment consommer, qu’est-ce qu’il faut consommer et qui produit une eau de qualité ».
Par ailleurs, il accuse l’Etat de sa faiblesse de réglementer le secteur.
« L’Etat envoie sur le terrain les missions de contrôle de qualité ou de prix, ce qui est un feu de paille. Il faut professionnaliser les services de contrôle de qualité, uniformiser tous les produits sur le marché guinéen, qu’ils soient fabriqués en Guinée ou importés. Dans les autres pays par exemple, les prix sont homologués. Quand tu achètes un savon à 2000 francs à Conakry, tu vas aller à Yomou tu trouveras le même prix ».
Puis, il ajoute : « Les produits pétroliers déjà sont homologués, pourquoi pas les autres produits. Pourquoi jusqu’à présent nous on ne maitrise pas cette homologation. Les contrôles des prix ou de qualité sont contestés par endroit, parce que les gens sont habitués à corrompre où à vendre les produits qui ont dépassé leur date d’expiration. Donc l’Etat doit revoir la qualité de ces services au niveau du ministère de commerce. Et alors je pense que ‘’gouverner autrement’’ va trouver une solution par rapport à tous ces problèmes », conclut-il.
Sylla Youn, pour earthguinea.org