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Guinée/Covid-19 : Les conséquences pour le secteur agricole

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Depuis l’apparition du nouveau Coronavirus en mars dernier, le secteur agricole guinéen est frappé de plein fouet. Conséquences, diminution de la production, la cherté du marché, l’arrêt momentané de la circulation et bien d’autres.

Joint au téléphone, ce responsable ingénieur agricole a dépeint les conditions dans lesquelles vivent les producteurs.

« Nous sommes réellement impactés, mais le problème est surtout lié au transport. Quand vous prenez par exemple l’année dernière en pareille circonstance, on vendait un kilo de poivron à quarante mille francs guinéens ; actuellement, on le vend à trois mille. La pomme de terre se vendait dans les douze mille francs le kilo, mais actuellement elle est vendue à cinq mille francs, quand vous prenez le gingembre, c’était à 20 mille francs, aujourd’hui on le vend à huit mille, vous imaginez ».

Il faut signaler que depuis l’arrêt quasi-total de la circulation des personnes et des biens, la demande en produits tels que la pomme de terre, la tomate et d’autres produits maraichers, a considérablement chutée, regrette notre ingénieur agricole.

« Nous avons beaucoup d’avaries, quand vous prenez la tomate, quand vous faites trois jours sur la route ça cause énormément de problème. Nous avons perdu plus de 500 kilos de poivron ce qui devrait nous faire gagner banalement 10 millions. Quand vous prenez aussi le concombre, le gombo et tout le reste, aujourd’hui tout cela est perdu », a-t-il confié avant de rappeler ensuite.

« Il y a un de nos membres qui a 7 tonnes de pommes de terre qui sont bloquées dans le magasin, il n’arrive pas écouler. Imaginez si vous avez pris par exemple un prêt dans une banque ou quelque part que vous devez rembourser, et que vous ne pourrez pas le rembourser, ce qui veut dire que vous ne pourrez pas honorer l’engagements que vous avez pris ».

A en croire à notre interlocuteur, les femmes sont les plus touchées à cette période de crise sanitaire, car ce sont elles qui sont susceptibles de ravitailler presqu’une bonne partie du marché (local), mais qui se trouvent dans des situations telles que ça se passe actuellement dans la plus part des zones agricoles.

« On n’est pas les seuls, il y a des femmes qui ont misé sur les cultures de contre saison, qui se retrouvent aujourd’hui dans une situation très difficile. Sinon il y a des producteurs en amont, des grands distributeurs, des groupements, qui doivent ravitailler les hôtels, les grands restaurants, les sociétés minières, mais actuellement il n’y a pas de route. Donc c’est une grande perte ».

Ce coordinateur d’un groupement de jeunes intitulé ‘’Partenariat des Jeunes pour le Développement Durable’’ PJDD, une association qui a subi un grave incendie d’une plantation d’anacardiers à Dubréka en fin janvier, Mamadou Maladho Diallo affiche son désespoir face à la crise qui frappe à sa porte depuis un moment.

« On arrive pas à comprendre jusqu’à présent que le secteur économique est réellement touché. Après notre incendie, on s’est misé sur le poivron dont on avait fait la pépinière pour joindre au moins les deux bouts, et aujourd’hui nous sommes dans une situation difficile. Il y a beaucoup de gens qui ont pris de l’argent, tels que les groupements de femmes, celles-ci ont aujourd’hui des difficultés de rembourser. Quand vous partez à Bangouyah, il y a beaucoup de femmes qui se retrouvent dans la même situation », a-t-il signalé.

Puis d’ajouter : « Chez nous par exemple, ce sont les particuliers qui ont pris leur épargne pour nous confier pour fructifier, cela veut dire que ces épargnes sont en danger, car ces particuliers n’arriveront plus à honorer leur engagement. Et il y a beaucoup d’autres personnes qui ont pris de l’argent dans les banques, les microfinances, qui se retrouvent dans la même situation. Avant si vous prenez par exemple le poivron on pouvait faire facilement 20 à 25 millions de recettes. Mais aujourd’hui nous n’arrivons pas à faire 2 à 4 millions de recettes ».

Avant de terminer, notre intervenant a ajouté ceci : « La campagne agricole commence maintenant, et quand vous partez dans les magasins agricoles de référence, il n’y a pas de semences, ni entrants, et nous sommes à quelques jours de l’hivernage de cette campagne agricole », dira-t-il enfin.

Sylla Youn, pour earthguinea.com

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