Abdoulaye Sadjo Diallo développe depuis des années une technologie qui fonctionne à l’aide des rayons solaires. Appelé ‘’Foyer solaire’’ ou encore ‘’Cuisine solaire’’, le matériel peut être utilisé non seulement dans la préparation des aliments, mais aussi dans la pasteurisation de l’eau.
Parlant d’autres avantages liés au fonctionnement de cet appareil, le promoteur de ladite technologie, Enseignant-chercheur de profession, estime que le matériel peut être utilisé aussi pour la cuisson dans les familles en remplacement des bois de chauffe ou du charbon de bois qui sont souvent considérés comme des vecteurs d’émission du CO2.
On vous propose ci-dessous l’intégralité de l’entretien réalisé par Younoussa Sylla.
Earthguinea : Bonjour Monsieur Diallo !
Monsieur Diallo : Bonjour !
Earthguinea : Depuis quelques années vous développez une technologie appelée ‘’Foyer Solaire’’ qui fonctionne à partir des rayons solaires. Parlez-nous un peu de cette conception?
Monsieur Diallo : C’est une technologie universelle qui a été libérée par des concepteurs. Elle a servi au départ des missionnaires et des explorateurs qui partaient loin de leur territoire pour pasteuriser les eaux qu’ils rencontraient. Quand leurs réserves s’épuisaient, ils étaient obligés de continuer à séjourner pour leur exploration dans le cadre de leur mission. Donc ils utilisaient ces cuisines solaires pour pasteuriser l’eau afin de la boire saine pour pouvoir continuer à survivre sur ces territoires loins de leurs pays d’origine.
Maintenant, comment avez-vous réussi à vous lancer dans cette aventure ?
Vous savez, au départ les matériaux utilisés étaient rares, c’était le zinc. Mais avec le développement industriel et l’apparition de l’aluminium, qui est un meilleur conducteur d’énergie, il a été utilisé pour collecter beaucoup plus de soleil pour faire fonctionner les différents types de cuissons solaires. Il y a eu une multitude de matériaux qui peuvent être utilisés, c’est soit le carton comme celui que vous avez vu, soit c’est le bois. Et si c’est le bois, on fait en forme de tube carré. Maintenant, il y a d’autres plus élaborés qui sont les paraboles, mais les paraboles font griller. Par contre, il y a d’autres qui font chauffer de l’eau pour cuire des légumes, des tubercules, de l’eau chaude ou en tout cas de l’eau pasteurisée bien pour la santé.
A quel moment peut-on utiliser cette cuisine solaire, sachant qu’elle fonctionne avec les rayons du soleil ?
On peut l’utiliser très tôt le matin. En tout cas ça dépend des milieux. Si le milieu est exposé au soleil, on peut commencer dès 9h. Mais le moment approprié, c’est entre 9h30 et 10h. Et là maintenant vous pouvez continuer toute la journée.
Comment peut-on accéder à cette technologie ?
Ça dépend de l’inventivité du praticien. Si le praticien est inventif, il peut utiliser toutes sortes de matériaux. Par exemple moi, j’utilise les matériaux de récupération. Si je viens dans une entreprise par exemple qui vient de s’équiper ou qui vient d’acheter des équipements tels que les ordinateurs ou autres, tous les cartons qui sont là je les ramasse, parce qu’ils sont applicables. C’est ce qui explique un peu la simplicité des matériaux à utiliser et l’accessibilité des matériaux parce qu’on trouve partout les cartons.
Depuis que vous avez lancé cette expérience, avez-vous pensé à former d’autres personnes qui souhaiteraient être comme vous ?
Oui ! On a formé des femmes, des élèves, des universitaires. Et beaucoup de personnes aujourd’hui savent concevoir ces outils-là, c’est grâce à mes formations.
Avez-vous bénéficié déjà de quelques accompagnements ?
C’est là où le bât blesse. Seulement à un moment donné en 2009, le PNUD a lancé un projet d’énergie renouvelable dans les communautés pour essayer les différents types d’énergies renouvelables. Donc moi, j’ai été identifié comme étant un promoteur de foyer solaire. On m’a programmé dans un petit contrat de travaux de démonstration aux eaux et forêts, c’était sur financement de PNUD. Donc j’ai fait quelques CRD de l’intérieur, j’ai ciblé des marchés hebdomadaires, des cérémonies villageoises. Et j’ai fait ces démonstrations qui étaient probantes. Cela a montré assez d’engouement chez la population visitée. Il était attendu maintenant que ce projet soit appuyé pour qu’il soit étendu au-delà….Un petit montant de 13 millions de francs guinéens qu’on avait mis à ma disposition pour acheter les matériaux et amener mon équipe avec moi, les gens qui m’ont fait signer le contrat j’avais vu qu’ils avaient un peu d’appétit, ils voulaient beaucoup d’argent. Et depuis qu’on est revenu comme il n’y a pas eu de d’argent, ils ont fermé les portes. Mais jusqu’à présent je suis inscrit au PNUD comme fournisseur de cuisinière solaire.
Avez-vous des clients qui font parfois des commandes avec vous?
Oui ! Il y a des ONG qui font la commande. Il y a aussi des particuliers. Comme actuellement, il y a des étudiants qui sont revenus de Chine qui m’ont fait des commandes pour leur village de dix familles. Ils demandent d’aller installer dans chaque famille un foyer solaire. Donc il y a des opportunités comme ça que j’ai. Comme toutes les entités sont informées de changement climatique qui s’inscrit dans les outils du dérèglement climatique, il y a des entreprises comme les banques qui sont consciente. Par exemple j’ai été identifié par la Société Générale de Banque de Guinée à travers l’APIP où j’ai soumis un business plan. A travers ça, j’aurai maintenant un crédit pour que je me lance en entreprise, parce que travailler dans le bénévolat, ce n’est pas facile.
Comme vous parlez déjà de financement, quel appel lancez-vous à l’endroit des bailleurs dans le cadre d’accompagnement de votre projet ?
Je lancerais un appel à l’endroit de tous ceux qui sont impliqués dans l’appui au développement durable. J’attire leur attention à ce projet, parce que ça c’est une énergie renouvelable. Un jour, un penseur disait ‘’qu’il faut croire au soleil parce qu’il reviendra toujours’’. Le soleil est une énergie propre qu’on peut utiliser à tout endroit. Alors je souhaite que tous ceux qui ont une proximité ou en tout cas qui sont concernés dans les institutions de m’appuyer pour que je puisse vulgariser ce projet. On peut rendre disponible cette technologie dans toutes les familles en Guinée pour diminuer la déforestation. Parce qu’en utilisant cela, on évite l’incinération de deux tonnes de bois. Quand tu utilises une parabole solaire pendant le moment ensoleillé, tu auras évité que la famille utilise deux tonnes de bois. C’est une évaluation faite par un scientifique allemand. Et donc si la parabole n’est pas utilisée, la famille aurait consommé deux tonnes de bois à des fins de cuissons, ces bois brulés auraient émis 15 tonnes de CO2. Vous imaginez par an une parabole peut éviter à émettre 15 tonnes de gaz à effet de serre. Donc si vous multipliez ça par 30, en dix ans ça fait beaucoup. Donc ceux qui sont concernés par l’humanitaire, par le souci de préserver la nature, c’est une technologie qui se positionne bien à tout endroit.
Merci Monsieur Diallo !
Je vous remercie
Entretien réalisé par Younoussa Sylla, pour earthguinea.org