De l’avis du spécialiste guinéen, Balla Moussa Konaté, ingénieur de ponts et chaussées, plusieurs causes sont à la base de la problématique de l’assainissement de la capitale Conakry. La première, c’est la construction anarchique des maisons qui contribue en grande partie au blocage des eaux de ruissellement.

« D’abord, il faut savoir gérer tous les déchets, qu’ils soient solides ou liquides, jusqu’à les mettre hors d’état de nuire. Soit par la transformation ou par le recyclage. Il y a aussi notre façon d’urbanisation qui contribue à la problématique de l’assainissement. Quand l’eau veut s’écouler vers les points bas, elle n’arrive pas à faire parce que les maisons sont construites un peu partout », a-t-il souligné.

La deuxième raison évoquée par le consultant, c’est le surpeuplement des coins à travers l’installation non règlementée de certains habitants dans des zones de passage d’eau de ruissellement.  

« Le surpeuplement ne veut pas dire qu’il y a la densité de la population. C’est que la population est mal installée sur le territoire. Autrement dit, il y a des zones à risque qui sont occupées par les gens, même dans les cours d’eau de ruissellement ».

Pour réduire donc la quantité d’ordures produite dans la ville de Conakry, Balla Moussa Konaté propose à cet effet une solution de valorisation des déchets, soit par le recyclage, l’incinération ou l’enfouissement.

« La gestion de nos ordures aujourd’hui pose problème. Surtout les déchets solides. On peut les valoriser soit par compostage, soit par le recyclage, soit par l’incinération ou l’enfouissement. Il y a aussi des équipements hydrauliques en matière d’assainissement qui sont pour la plupart inadaptés. Conakry est une ville qui devient de plus en plus moderne, donc l’espace coûte cher. Les gens parlent souvent des caniveaux à ciel ouvert, ce n’est pas normal. La route a aussi besoin de son assainissement…. Quand vous mettez les dalles partout, les eaux vont stagner sur la route, donc c’est une problématique à laquelle il faut toujours associer des techniciens pour trouver la solution », a-t-il fait savoir, avant d’ajouter.

« Il y a six types de gestion que je ne vais pas développer ici pour des raisons personnelles. Mais il y a la gestion publique, c’est ce que les Etats font souvent : construire des ouvrages d’assainissement à travers le ministère pour demander à la population de payer quelque chose comme taxe, tenant compte de ce travail ».

Ainsi, à la question de savoir de l’implication des collectivités dans la politique d’assainissement de la ville comme il en est de coutume, le spécialiste répond :

« Même si les collectivités sont impliquées, le premier système qu’on appelle la gestion publique est copié du modèle des pays développés. Je ne connais pas un seul pays développé où vous voyez que les rues sont sales. Je vois des bidonvilles pour passer l’assainissement demandent de l’argent. Deuxième système, c’est ce qu’on appelle l’autogestion. Même si l’Etat n’intervient pas, il y a des gens qui sont capables de payer des PME pour envoyer des ordures ».

Pour une gestion efficace et pérenne des ordures à Conakry, notre interlocuteur propose des solutions, à savoir la réflexion globale, en mettant en place des systèmes d’assainissement dans toute la ville, ainsi que des canaux d’évacuation des eaux pluviales.

« …il faut faire des états généraux, faire la compilation de toutes les initiatives pour faire sortir quelque chose. Mais l’Etat à lui seul ne saurait être la solution. L’informel doit être encouragé. Si c’est possible d’avoir des usines de transformation ou de recyclage, d’accord,  mais il faut faire appel aux micro-industries de transformation des déchets. Mais le compostage doit être expérimenté de sorte que l’assainissement puisse profiter à tout le monde sur le plan économique, mais aussi ne constituant pas des effets négatifs contre la biodiversité », conseillera-t-il.

Sylla Youn, pour earthguinea.org

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