La commune urbaine de Dubréka est située à 50 kilomètres de Conakry. Aujourd’hui cette préfecture est convoitée par beaucoup de personnes qui caressent le désir d’y acheter des terrains. Cette ambition n’est pas cependant sans conséquences. Car, certains propriétaires terriens en profitent pour vendre des parcelles, même celles destinées aux particuliers pour exercer leurs petites activités agricoles.

Pour parler de cette question, le responsable du secteur Dar-es-lam, Fodé Gbékou Yattara, a accordé un entretien à notre rédaction. Au cours de cet entretien, il dénonce le manque d’application des textes de loi sur le foncier guinéen.

Nous vous proposons ci-dessous l’intégralité de l’entretien réalisé par Younoussa Sylla.

Erathguinea : Bonjour M. Yattara !

M. Yattara : Bonjour 

Earthguinea : Aujourd’hui, la commune urbaine de Dubréka est confrontée à un problème d’accès au foncier, notamment l’accès aux espaces cultivables pour les particuliers, dû à une forte demande par chacun à vouloir construire dans cette localité. Dites-nous qu’en est-il du cas dans votre juridiction ? 



Fodé Gbékou Yattara, Responsable du secteur Dar-es-lam,

M. Yattara : Merci pour cette question ! Mais ce que je vais dire, c’est qu’aujourd’hui, il n’y a plus de bas-fond à Dubréka, les bas-fonds sont presque tous vendus. Ils ont construit des maisons sur tous les espaces où on avait l’habitude de faire les cultures maraichères. Quand vous prenez par exemple les carrières de granite, sont presque dans tous les quartiers, en causant des dommages aux gens à travers l’envolée de poussières, empêchant les gens à mieux vivre, ce qui représente un danger pour la santé et une grave menace pour les bétails. Car, ça tue les animaux qui ne vivent que des herbes, et aujourd’hui ces herbes-là sont couvertes de poussières.

Aujourd’hui, quand vous regardez bien les maisons de certains quartiers, vous trouverez des fissures un peu partout sur les bâtiments à cause de l’explosion des dynamites dans les carrières. Et avec cela, il n’y a aucun avantage pour les populations riveraines. C’est une situation qui nous préoccupe énormément.

Mais dans les négociations de ces marchés, est ce que vous et les coutumiers ne gagnez pas quelque chose ?

Absolument non. Les coutumiers ne bénéficient de rien. Vous savez, les gens qui ont l’argent sont ceux qui viennent payer par exemple un espace à un local, et quelques années après ils le revendent à un gros prix. Donc ce sont vraiment des situations qui sont compliquées et qui nous préoccupent davantage.

Dans mon quartier il n’y a pas de carrière, mais dans les quartiers où se trouvent les carrières, les responsables locaux sont au courant, mais même ces gens-là ne bénéficient pas des retombées de ces carrières. Parce que la décision est prise depuis le haut niveau. Donc ce que les responsables des quartiers gagnent dans ça c’est vraiment minime. Aucun bénéfice ni dans la négociation des carrières ni dans la vente des terrains.

Aujourd’hui que font les communautés pour avoir des terres pour faire leurs activités agricoles ?

Aujourd’hui, nous qui travaillons la terre, nous sommes obligés d’aller négocier des espaces agricoles avec certains de nos voisins qui sont installés un peu au bord de la mer. Sinon on remonte un peu vers la montagne pour faire le champ.

Apparemment les conflits domaniaux sont récurrents dans votre préfecture. Comment faites-vous pour gérer tout cela à votre niveau ?

C’est vrai, les conflits sont très récurrents entre les gens. Par exemple moi, je suis un chef de quartier, en même temps responsable des affaires sociales au niveau du grand bureau. On a tout le temps des litiges, car quelqu’un peut par exemple vendre une même parcelle à deux personnes, donc si l’autre apprend, il serait obligé de demander au propriétaire de lui restituer son argent. Donc ce sont des problèmes que jusqu’à présent on n’a pas eu de solution.

Que direz-vous aux autorités ?

Ce que je dirai aux autorités, c’est d’appliquer les lois sur la question foncière en Guinée. Vous savez, si la loi est là et que tout le monde sait ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire, je pense que personne ne fera quelque chose de son plein gré. Donc je dirai aux autorités d’appliquer et de faire respecter strictement la loi sur le foncier en Guinée.

Selon mon information, la loi sur le foncier a été élaborée depuis le temps du Président Conté, alors je pense que sa mise en application ne doit pas demeurer un problème. Donc j’aimerais que les autorités fassent en sorte qu’une campagne de sensibilisation soit menée afin de faire respecter ces textes.

Merci M. Yattara !

Merci à vous !  

Entretien réalisé par Sylla Youn, pour earthguinea.org

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