Communiqué de presse, Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, 17 juin 2020

Le coût et les conséquences du changement d’utilisation des terres sont sous-estimés, comme l’illustre la pandémie de COVID-19. Le fait d’investir dans la restauration de plus de 400 millions d’hectares de terres permettrait de reconstruire plus intelligemment et de préserver notre rapport à la nature.

« Les incidences socioéconomiques soudaines et négatives de la
COVID-19 observées dans le monde prouvent que les conséquences du changement d’utilisation des terres sont sous-estimées. L’incapacité de ralentir et d’inverser ce processus pourra à l’avenir s’avérer extrêmement coûteuse. Aussi est-il dans notre intérêt de veiller à ce que, dans le cadre des efforts déployés pour une reconstruction intelligente, nous prenions des mesures visant à permettre le rétablissement de la nature, afin qu’elle œuvre non pas contre nous, mais avec et pour nous », affirme Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.

« En peu de temps, la COVID-19, une maladie zoonotique, a déclenché la plus grave crise économique depuis la Seconde guerre mondiale. La majorité des pays sont restés confinés pendant deux mois en moyenne. L’économie mondiale se dirige tout droit vers une récession et les relations sociales sont en pleine mutation. Tant au niveau politique que pratique, l’urgence de ralentir et d’enrayer le processus de changement d’utilisation des terres ne peut être surestimée », a déclaré Ibrahim Thiaw.

« Au niveau politique, procéder à une reconstruction intelligente signifie faire en sorte d’élaborer des stratégies visant à prévenir ou à limiter le changement d’utilisation des terres. Dans les faits, cela consiste à prendre des mesures incitatives à l’intention des consommateurs et des producteurs afin d’éviter le changement d’utilisation des terres. Ces deux démarches passent par un contrat social en faveur de la nature : un monde où les femmes et les hommes admettent que le droit de tirer profit de la nature s’accompagne de la responsabilité d’en prendre soin », a-t-il ajouté.

La zoonose est la transmission de virus de l’animal à l’homme. En l’espace de vingt ans, la communauté internationale a dû affronter cinq maladies zoonotiques. La science médicale révèle que parmi les maladies infectieuses émergentes, trois sur quatre sont zoonotiques. Les experts en sciences naturelles affirment qu’elles sont favorisées par le changement d’utilisation des terres, qui accroît les interactions et la proximité physique entre l’homme et l’animal.

D’après la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, plus de 70 % des terres naturelles, non recouvertes par les glaces, font l’objet d’une exploitation humaine. En outre, ce pourcentage pourrait atteindre 90 % d’ici à 2050 si l’utilisation des terres à l’échelle mondiale continue à suivre la même tendance. Selon le Rapport spécial sur le changement climatique et les terres émergées du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’exploitation des terres agricoles pour l’alimentation humaine et animale et la production de fibres est à l’origine de cette profonde mutation. L’Atlas mondial de la désertification montre que les sous-produits de l’agriculture sont principalement consommés non pas par les communautés locales qui les produisent, mais par les citadins et les résidents étrangers.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que d’ici à 2050, plus de 500 millions d’hectares de nouvelles terres agricoles seront nécessaires pour répondre à la demande alimentaire mondiale.

« Il est rassurant, au beau milieu de la crise de la COVID-19, de constater que nous pouvons reconstruire de façon intelligente. Au cours des cinq dernières années, les pays ont convenu des mesures à prendre pour mettre un terme au changement d’utilisation des terres. Depuis lors, près de 100 pays ont déterminé des zones destinées à être réhabilitées ou restaurées d’ici à 2030, dans le cadre de la plus importante initiative de restauration mondiale jamais entreprise. Une étude préliminaire indique que plus de 400 millions d’hectares sont concernés par cette initiative, soit environ 80 % des terres agricoles nécessaires pour répondre à la demande alimentaire mondiale d’ici à 2050 », a précisé Ibrahim Thiaw.

La restauration de ces zones, qui s’inscrit dans une logique de reconstruction intelligente afin d’éviter de futures zoonoses, apporterait d’autres avantages fondamentaux, en particulier l’atténuation du changement climatique.

Le rapport du GIEC montre que les actions fondées sur la gestion des terres représentent un aspect essentiel des outils à utiliser pour réduire le niveau de carbone dans l’atmosphère et favoriser son stockage dans la nature, afin de limiter le réchauffement planétaire à moins de 2 degrés Celsius. Toutefois, il alerte sur le fait que ces mesures ne sont efficaces qu’actuellement et ne le seront plus ultérieurement car la capacité des sols à fixer le carbone va nécessairement diminuer, notamment là où la terre est polluée.

D’après une étude de l’Initiative sur l’économie de la dégradation des terres, les services écosystémiques perdus chaque année en raison de la dégradation des terres représentent 10,6 billions de dollars des États-Unis. En revanche, l’adoption de pratiques durables en matière de gestion des terres pourrait générer jusqu’à 1,4 billion de dollars É.U. grâce à l’augmentation de la production agricole.

« Le moment est venu d’agir car les résultats sociaux et économiques de la restauration des terres dégradées correspondent à ce que les citoyens exigent de leur gouvernement : des emplois, des mesures pour lutter contre le changement climatique, la paix et la sécurité », ajoute Ibrahim Thiaw.

« L’engagement des consommateurs est également essentiel », affirme Park Chong-ho, ministre du Service forestier coréen.

« Pendant 15 ans à compter de 1973, la République de Corée a investi 570 millions de dollars É.U. afin d’enrayer le changement d’utilisation des terres. En effet, après la guerre de Corée, nous avons appris qu’il n’est possible d’inverser ou d’arrêter le processus de changement d’utilisation des terres que si les consommateurs font des choix différents, appuyés par des investissements financiers en faveur du changement souhaité », explique-t-il. « Les taux de déforestation ont nettement chuté avec le recul de la pauvreté et le lancement par le gouvernement de projets nationaux de réhabilitation des forêts, visant à restaurer celles qui ont été dévastées et à encourager la génération de revenus par les consommateurs. Si ces derniers rétribuent les utilisateurs des terres qui augmentent leur productivité et que les gouvernements apportent à ceux-ci un soutien supplémentaire, il est possible de ralentir et d’enrayer la dégradation des terres », a-t-il ajouté.

C’est la République de Corée qui accueille cette année l’événement mondial virtuel. Depuis 1995, la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse est célébrée chaque année le 17 juin, afin de sensibiliser l’opinion publique à ces deux questions.

(fin)

NOTE À L’ATTENTION DES RÉDACTEURS :

Des informations détaillées sur l’événement sont disponibles sur le site Internet de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification : https://www.unccd.int/actions17-june-desertification-and-drought-day/2020-desertification-and-drought-day

Pour les demandes d’interviews, veuillez écrire aux adresses suivantes : kjimenez@unccd.int ou press@unccd.int

Des documents libres de droits destinés aux médias sont téléchargeables sur le site de la Convention. La source devra être dûment citée dans le respect des droits d’auteur. Parmi ces documents figurent le programme de la Journée, des messages adressés par des célébrités et des dirigeants mondiaux, notamment Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies et Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, des photographies haute résolution, six courtes vidéos et des témoignages profondément humains. Vous pouvez accéder à ces informations ici :

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