« Notre biodiversité, notre avenir »

Le Liberia est en passe de perdre de grandes populations de sa faune sauvage et court le risque de voir s’éteindre certaines de ses espèces en danger critique d’extinction en 2019 si aucune mesure n’est prise. Mama Liberia a la chance de renfermer la portion restante lar plus vaste (42 %) de la forêt tropicale de Haute Guinée ; une forêt qui traverse la Guinée, la Sierra Leone, le Liberia, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo. Nos forêts renferment une variété exceptionnelle de milliers d’espèces animales et végétales que l’on ne rencontre nulle part ailleurs dans le monde. Pour autant, leur biodiversité se détériore beaucoup, surtout en raison de la chasse pour le commerce de la viande de brousse. Aussi, les partenaires de la conservation au Liberia incluant le gouvernement et les projets financés par l’USAID dans le cadre du programme pour la Biodiversité et Changement Climatique en Afrique de l’Ouest, se sont-ils joints au reste du monde pour fêter la Journée mondiale de la diversité biologique sous le thème national « Notre biodiversité, notre avenir ». Le thème global étant « Notre biodiversité, notre alimentation, notre santé ».

Après la perte de l’habitat, la menace la plus immédiate à laquelle font face nombre d’espèces menacées est le braconnage à grande échelle. Le commerce illégal d’espèces sauvages en Afrique représente une valeur estimée à 7-10 milliards $, ce qui le rend extrêmement lucratif ; c’est la cinquième activité illicite procurant le plus de gains derrière le trafic de stupéfiants, le trafic d’êtres humains, les déversements illégaux de pétrole et la contrefaçon (EAGLE, 2019). De fait, ces commerces sont souvent liés les uns aux autres. L’éléphant d’Afrique, les grands singes et d’autres espèces animales ne sont pas uniquement en danger parce que nous détruisons leurs habitats en défrichant les forêts pour le développement, l’exploitation du bois et l’agriculture, mais aussi parce que la chasse illégale (le braconnage) et le trafic organisé réduisent les populations de faune à une cadence sans précédent. Si ces niveaux actuels d’exploitation se maintenaient, nos enfants et petits-enfants ne pourraient pas voir beaucoup de ces animaux merveilleux qui occupent une place essentielle dans notre culture et notre tradition.

Le chimpanzé verus, par exemple, est désormais protégé par la loi au Libéria et a été classé comme espèce en danger critique d’extinction sur la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées. C’est-à-dire que l’espèce est extrêmement menacée d’extinction dans la nature. Il y a actuellement 42 chimpanzés confiés à l’organisation Liberia Chimpanzee Rescue and Protection (LCRP-Sauvetage et protection des chimpanzés au Liberia). Ces chimpanzés sont généralement des orphelins qui étaient gardés en captivité ou faisaient l’objet de commerce illégal et qui ont donc été confisqués par les autorités chargées de la faune au Liberia. Pour pouvoir enlever un bébé chimpanzé à sa mère, il faut tuer la mère et les autres membres du clan. Environ 10 chimpanzés adultes seront tués en même temps. Lorsque vous voyez un bébé chimpanzé dans la rue, il représente 10 chimpanzés tués dans la nature. Les 42 orphelins recueillis par la LCRP indiquent que plus de 400 parmi les 7000 chimpanzés (déjà un nombre réduit) qui restent au Liberia ont maintenant disparu pour toujours, victimes des commerces de viande de brousse et d’animaux domestiques en l’espace de quelques courtes années ! D’après les nombres de confiscation pour le premier trimestre 2019, et en assumant que ce nombre est sous-estimé (si l’on tient compte des chimpanzés tués ou qui ont été vendus), le Liberia pourrait perdre environ 600 chimpanzés adultes chaque année, ce qui mettrait cette population en réel danger d’être anéantie au cours des 10 prochaines années. Si nous ne nous mettons pas à respecter la loi, et à éliminer la chasse aux chimpanzés pour la viande de brousse et la vente de leurs petits comme animaux domestiques, les générations futures ne verront les chimpanzés que dans des livres ou des films.

L’éléphant des forêts et toutes les espèces de pangolins sont aussi protégés par la loi au Liberia, pourtant six éléphants (à notre connaissance) ont déjà été tués au Liberia depuis le mois de janvier ! Le pangolin – le mammifère le plus exploité pour le trafic à l’échelle mondiale – est victime de la chasse répandue pour la viande de brousse et des remèdes médicinaux traditionnels, mais non prouvés. Il y a 3 espèces de pangolins au Liberia, toutes classées comme espèces menacées et nous continuons à les voir vendus sous forme de viande de brousse dans notre capitale.

La faune sauvage du Liberia, morte ou vivante, est aussi vendue hors de nos frontières dans des endroits comme la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire, et même à l’international dans des pays comme la Chine et le Moyen-Orient. L’ivoire est vendu pour la décoration, les chimpanzés comme divertissement, les coquillages et les parties du corps pour la fabrique de bijoux. L’un des produits les plus prisés est l’écaille de pangolin pour ses vertus médicinales, même s’il n’existe aucune preuve scientifique étayant l’efficacité des traitements à base de cette écaille. Pendant combien de temps encore ces espèces survivront-elle au Liberia ?

Alors que le Liberia marque la Journée mondiale de la biodiversité (22 mai 2019) à Monrovia, les autorités publiques incluant l’Agence pour la protection de l’environnement et l’Autorité de développement forestier sont censées faire des déclarations signalant leur engagement pour la conservation de la biodiversité. La mort fait partie de la vie. Elle nous arrivera à tous. Mais l’extinction – est autre chose. L’extinction signifie que tous les individus d’une espèce ont cessé d’exister et que nous ne la verrons plus jamais. Jamais, jamais ! Avec la disparition d’une espèce, le rôle important qu’elle jouait dans l’écosystème disparaît avec elle ; tandis que l’existence même de l’être humain dépend de la survie de ces espèces de faune sauvage.

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