L’équipe des Observateurs de France 24 s’est rendue en Guinée pour en savoir plus sur la gestion des déchets à Conakry et en province et pour rencontrer notre Observatrice Fatoumata Chérif. Avant la diffusion de ce reportage samedi à 8h10 et 12h10 GMT sur France 24, les journalistes présents sur le terrain vous racontent comment ils ont vécu ce tournage, au milieu des ordures.

Derek Thomson et Alexandre Capron, journalistes des Observateurs de France 24, se sont rendus à Conakry à la rencontre de Fatoumata Chérif, blogueuse engagée à l’origine de la campagne « selfie-déchets ».

Son action qui avait pour but d’alerter les internautes sur l’accumulation des déchets dans la capitale guinéenne a été le point de départ d’un reportage plus complet pour en savoir plus sur le système de gestion des déchets dans ce pays considéré comme « la perle de l’Afrique ».

Voici la bande annonce de ce reportage à voir samedi 2 décembre sur France 24 à 8h10 puis 12h10 GMT

https://www.facebook.com/FRANCE24.Observateurs/videos/1689642001075591/

Les horaires de diffusion du reportage (heure GMT)
Samedi 2 décembre : 8h10  – 12h10
Dimanche 3 décembre : 5h40 – 18 :10 – 21h10
Lundi 4 décembre : 10h10
Mardi 5 décembre : 4h40 – 15h10
Jeudi 7 décembre : 14h40
Vendredi 8 décembre : 9h10

Durant ces cinq jours passés à Conakry, nous avons pu rencontrer des Guinéens et des Guinéennes qui nous interpellaient à la fois inquiets, mais aussi reconnaissants : inquiets, car ils ne souhaitaient pas qu’on donne une mauvaise image de leur pays en montrant uniquement le problème des ordures qu’on trouve un peu partout, des plages aux marchés. Mais aussi reconnaissants, car conscients que la situation est critique, que les rues sentent mauvais, et que dans certains quartiers, des tas d’ordures jonchent le sol.

Le constat pour nous est clair : Conakry manque de moyens pour absorber les 800 à 1 000 tonnes de déchets quotidiens que génère sa population. Les autorités, qui sont conscientes du problème et semblent montrer de la bonne volonté, n’ont pour l’instant pas déployé les moyens suffisants pour nettoyer la ville de façon efficace.

Sur la plage de la Minière, les habitants du quartier et jeunes concernés mènent des opérations de nettoyage tous les dimanche.

Ce qui nous a marqué, c’est qu’il y a une prise de conscience citoyenne qu’il est urgent de faire quelque chose. Les opérations de nettoyage spontanées, apolitiques, sont nombreuses. Les jeunes guinéens que nous avons rencontrés sont d’ailleurs fiers de faire connaître leurs actions sur les réseaux sociaux, en Facebook live, ou par des live-tweets.

Prendre des selfies ou faire des Facebook live était l’un des deuxièmes objectifs de ces jeunes pour montrer qu’ils sont présents sur le terrain à leur followers sur les réseaux sociaux.

Paradoxalement, ces montagnes de déchets peuvent être une chance pour la Guinée : elles peuvent constituer des ressources, aujourd’hui trop peu exploitées. En tout cas, c’est à un niveau souvent très artisanal que les déchets sont actuellement valorisés, par de petites mains qui passent leurs journées à trier, à fouiller, parfois sans protection, à la recherche de ce qu’ils appellent le « caoutchouc « blanc ou bleu, du plastique recyclable.

Cette situation crée un double problème : d’abord, elle crée un système informel, qui exploite souvent les plus faibles, comme les travailleurs sans-papiers. Nous avons pu constater en observant un regroupement que les véritables « chefs « qui gèrent les bennes à ordures ne sont jamais ceux qu’on croit. On les trouve parfois confortablement installés dans leurs fauteuils à regarder ceux qui triment pendant huit à neuf heures par jour à collecter les déchets pour leur prendre au final un pourcentage non-négligeable.

Nous avons suivi pendant une matinée Ibrahim, jeune Sierra-Léonais qui travaille comme charretier dans le quartier de Boulbinet à Conakry.

Ensuite, et plus que jamais, trop d’enfants, envoyés par leurs parents ou attirés par les gains faciles, travaillent dans les décharges à la recherche d’objets recyclés. Lors de notre tournage, la situation était particulièrement grave du fait de la grève des enseignants des écoles primaires. Des enfants, parfois âgés de 4 à 5 ans, étaient présents, dans cette montagne d’ordures de la décharge Concasseur, la plus grande décharge de Conakry.

Malgré leur jeune âge, ils des experts qui savent parfaitement quels sont les objets recyclables, et ceux qui n’ont aucun intérêt. Ceci n’est pas une vie d’enfant et n’arriverait peut-être pas si les habitants de ce quartier, étaient davantage associés à la valorisation des déchets pour laquelle ils pourraient mettre en avant leur savoir-faire.

Nous retenons une chose de ces cinq jours passés à Conakry au milieu des ordures : comme nous l’a dit Mohamed Lamine Sidibé, ingénieur en Sciences environnementales rencontré au cours de notre reportage, ces déchets sont une nuisance, mais ils sont aussi une ressource et une chance. Bien exploités, dans un circuit organisé, ce travail serait valorisé, et permettrait de faire sortir de la honte les Guinéens qui en vivent aujourd’hui.

Lors de notre tournage, beaucoup de gens nous ont demandé de ne pas être filmées, et nous ont avouées qu’ils avaient honte, car leurs familles ne devaient pas savoir qu’ils travaillaient au milieu des ordures. Valoriser la filière des déchets, ce serait valoriser ce travail à la fois rationnel économiquement, mais surtout pertinent du point de vue du recyclage.

https://www.facebook.com/FRANCE24.Observateurs/videos/1680427475330377/

https://www.facebook.com/FRANCE24.Observateurs/videos/1678377345535390/

https://www.facebook.com/FRANCE24.Observateurs/videos/1678400158866442/

Sur place, Alexandre Capron, journaliste à la rédaction des Observateurs, a effectué un Facebook live en direct de la décharge Concasseur.

Lors de notre tournage à Matam, un quartier de Conakry, un jeune homme qui venait bénévolement de curer les caniveaux complètement bouchés par les ordures nous a expliqués : « je serais ravi de pouvoir le faire quotidiennement si le gouvernement pouvait mettre en place une structure ».

Mettre totalement à l’écart les populations de Boulbinet, de Concasseur, ou de Matam qui vivent du recyclage de ces déchets au profit d’entreprises pourrait créer davantage de misère. Cependant, à la fois pour leur santé, leur sécurité, et leur bien-être, il est urgent d’organiser plus efficacement toute la chaine de valorisation des déchets.

Dans le quartier de Matam, lors de notre dernier jour de tournage, des jeunes du quartier avaient curé eux-mêmes les caniveaux totalement bouchés par les ordures.

Nore reportage sera diffusé le samedi 2 au vendredi 8 décembre sur les antennes de France 24 (voir les horaires ci-dessous).

Pour l’équipe des Observateurs, c’est toujours un grand plaisir de rencontrer en chair et en os nos Observateurs, d’échanger avec eux, et de réfléchir ensemble comment nous pouvons encore mieux aider à faire connaître leurs initiatives. Un grand merci à eux, et à samedi !

 

Derek Thomson et Alexandre Capron
Rédacteur en chef et journaliste-présentateur pour les Observateurs de France 24

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