Depuis plusieurs années, le secteur artisanal guinéen est en pleine croissance.  Mais très malheureusement, les personnes qui s’y aventurent en faisant des activités telles que la cordonnerie, la peinture, la décoration, la sculpture, la menuiserie et bien d’autres, peinent à vivre des retombées de leur production.

C’est le cas par exemple de Richard Haba, une quarantaine, que nous avons rencontré à son atelier. Depuis plus de vingt ans, il exerce avec passion le métier de rotinier, une activité qui lui permet  de subvenir à ses besoins.

De nos jours, le jeune Richard est confronté au problème de marché, car il arrive à peine à écouler ses produits, et les matières premières pour fabriquer les œuvres deviennent de plus en plus chères.

« Je pratique ce métier depuis 1991. Mais c’est en 2002, que je suis devenu maitre. Actuellement, je travaille avec trois apprentis qui sont tous des élèves. Après l’école, ils viennent à l’atelier. Je leur apprends à attacher, gratter et monter les meubles, donc ils le font étape par étape ».

M. Haba dans son atelier

Richar Haba a une corde à son arc, celle de devenir le premier fournisseur des meubles fabriqués à base du rotin : « Je fais plusieurs choses à base du rotin, telles que les étagères, les chaises, les lits, les bibliothèques, les coiffeuses. Tout ce que les menuisiers font, on le fait aussi ».

Auparavant, cet artisan faisait ses œuvres qui étaient souvent commandées par les touristes qui fréquentaient régulièrement le pays. Mais depuis que ces derniers sont partis, le marché est devenu de plus en plus difficile, à part quelques fauteuils qui sont sollicités par des guinéens.

« Les produits, dès fois ça marche, dès fois ça ne marche pas. Avant ça marchait, mais actuellement avec la conjoncture ça ne marche pas, la vente à beaucoup diminué. Avant quand les blancs venaient, on vendait beaucoup. Mais actuellement beaucoup ne viennent plus. Ce n’est plus comme avant.  

Avant, on pouvait vendre quatre à cinq salons par mois. Mais actuellement même pour vendre un salon c’est difficile. Il y a des qualités de salon, il y a des salons qu’on vend à deux millions cinq cent, il y en a à un million et trois millions de francs guinéens etc ».

Autre difficulté énumérée par Richard, il s’agit bel et bien de l’obtention des matières premières. Pour en avoir avec les fournisseurs, il faut débourser de gros moyens. 

« Il y a le problème de rotin. Parfois on peut gagner le contrat, on n’a pas de matériel. Dès fois le travail peut durer et le client va te dire de retourner son argent. Donc le rotin, ce n’est pas facile à gagner actuellement. On achète avec les fournisseurs qui viennent généralement de Nzérékoré, de Macenta de Forécariah et de Dubréka. Il est payé par brun. Un brun, si c’est gros, c’est 5000 fg, si c’est petit c’est 1500 fg ».

Pour le moment, Richard Haba ne dispose de moyens pour agrandir son atelier ni augmenter le nombre d’apprentis. Il sollicite donc de la part du gouvernement et des personnes de bonnes volontés de lui venir en aide.

« Actuellement, je n’ai pas de fonds pour travailler. Donc je sollicite de l’aide des uns et des autres, ainsi que le gouvernement, de nous aider à faire mieux que ça. Et avec ça je peux trouver d’autres apprentis, aménager mon atelier et chercher plus de matériels de travail ».

Notre interlocuteur Richard Haba a terminé son intervention par adresser un message de sensibilisation à l’endroit des jeunes. Il demande à ces derniers de rester et de travailler sur place, tout en rappelant ce vieil adage ‘’qu’il n’y a pas de sot métier’’.

Sylla Youn, pour earthguinea.org

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