Elles étaient une trentaine environ, venues du port artisanal de petit bateau de Conakry, en sit-in devant le ministère de la Pêche, de l’Aquaculture et de l’Economie Maritime. Ces femmes protestaient contre leur déguerpissement, dit-on, sous l’ordre d’une autorité portuaire.

A en croire Adama Bangoura, présidente de ces femmes mareyeuses, le Pr Alpha Condé leur avait offert des fumoirs dans le but d’améliorer leur commerce, mais aussi ordonné au ministre de la Pêche d’aménager des lieux pour elles. 

A leur grande surprise, dans la matinée de ce mardi 16 mars, quatre Pick-up de gendarmes sont venus leur signifier qu’elles ont jusqu’à midi pour quitter les lieux, en leur précisant que ces ordres viennent de la directrice générale du port autonome de Conakry.

« Nous sommes là pour voir le ministre parce que nous aussi on paie des taxes. La semaine passée, nos barques ne sont pas sorties en mer. Et ce matin ils sont venus dans quatre pick-up en disant que c’est la directrice du port autonome qui leur a dit de venir nous dire de quitter, alors nous aussi on a dit de venir voir le ministre ».

Pourquoi quitter Petit Bateau, alors que d’autres espaces n’ont pas été aménagés pour ces femmes déjà prévus à Téminetaye, s’inquiète Adama Bangoura.

« Le Président de la République nous avait offert des fumoirs. Il avait déboursé de l’argent pour que le ministère aménage nos places. Il y avait des Turcs qui travaillent là-bas (Petit bateau). Mais ceux-ci ne nous ont pas chassées. Les Turcs ont aménagé un endroit pour nous y installer. Ce matin, il y a 4 pickups qui sont venus nous déguerpir. C’est pour cette raison que nous sommes venues au ministère. Nous payons des taxes et nous avons nos permis. Nous n’allons pas insulter. Mais que le ministère appelle le Président de la République. Nous ne savons plus quoi faire ».

Mme Adama Bangoura, Présidente des femmes mareyeuses du Port Petit Bateau

C’est dans ce mouvement devant le ministère que la directrice de l’économie maritime, Hadja Fatou Aribot, a tenté une médiation avec ces femmes. Elle a demandé à celles-ci de se retenir et de privilégier surtout la discussion afin de mieux se comprendre.

« Nous sommes dans une logique. Quand les Turcs ont pris votre première liste, il y avait 47 personnes. Ce sont ces noms que Mohamed Diop avait pris. Alors calmez-vous. C’est cette liste qui a été envoyée au Port autonome. Ils ont dit qu’ils allaient vous remettre quelque chose pour que vous soyez tranquilles jusqu’à ce que les autorités puissent vous donner un nouveau port à Teminetaye. S’il en est ainsi, quand ils vous prennent ici, vous allez là, il y a des femmes du Petit bateau qui sont à Teminetaye. Nous le savons parce que nous allons les contrôler à chaque fois. Mais il y a d’autres aussi qui étaient derrière l’hôtel Noom. Donc votre liste a augmenté à 180. Les Turcs doivent remblayer votre port de Teminetaye. Donc je veux que nous allions discuter ».

Après un bref entretien entre le secrétaire général du département de la pêche, la Directrice générale de l’économie maritime et la présidente des femmes mareyeuses, rien de concret n’a été filtré, selon Adama Bangoura. En attendant, ces femmes mareyeuses du port artisanal de Petit bateau restent pour l’instant sans espoir. 

Sylla Youn, pour earthguinea.org

Leave A Comment