Pour accélérer son combat contre la pandémie du Coronavirus, l’ONG Guinée Ecologie a développé un programme qui s’inscrit dans le cadre de la formation et l’éducation des jeunes à l’environnement. Ce programme se déroulera dans plusieurs zones cibles, notamment dans les zones côtières, prenant en compte tous les aspects liés à la lutte contre la Covid-19.
Selon le Directeur exécutif de Guinée Ecologie, Mamadou Diawara, cette stratégie consiste à interagir entre l’homme et la biodiversité. On vous propose de lire ci-sous l’entretien réalisé avec lui par Younoussa Sylla pour eathguinea.org.
Earthguinea : Bonjour Monsieur Diawara !
Diawara : Bonjour !
Earthguinea : Veuillez nous présenter votre organisation, s’il vous plait ?
Diawara : Notre organisation s’appelle Guinée Ecologie, qui est une structure non gouvernementale évoluant depuis plus de trente ans sur les questions de protection de l’environnement, la biodiversité et les écosystèmes.
Alors, depuis plus de trois mois la pandémie de Coronavirus a fait son apparition en Guinée. Vous, vous êtes une ONG de l’environnement, quelle a été l’origine de cette maladie, selon vous ?
Comme vous le savez, la Covid-19 est une pandémie mondiale qui est en train de mettre à genou l’humanité. Et en tant qu’ONG environnementale, on s’interroge pour savoir quels sont les facteurs qui ont amené à l’apparition de ce virus comme le pensent d’ailleurs des scientifiques. C’est-à-dire l’interaction entre l’homme et la biodiversité. Quand on parle de biodiversité, ce sont notamment certaines espèces qui sont souvent des réservoirs de virus, elles peuvent porter des virus sans pour autant tomber malades. Et lorsque l’homme est en interaction avec ces espèces, le virus peut être transmis à l’homme, et l’homme développe la maladie.
Comment avez-vous perçu l’apparition de la maladie ?
Ça nous a interpelés pour dire que c’est quelque chose face à laquelle il faut prendre des dispositions pour essayer de trouver des voies de cohabitation entre la biodiversité et l’être humain. Donc nous avons développé un programme qui a aussi pris en compte l’aspect Covid-19 dans le cadre de l’éducation à l’environnement. Pour nous, il faut commencer par éduquer les plus jeunes qui vont être des preneurs de décision demain, et influencer la nature d’une manière ou d’une autre. Donc il faut dès à présent prendre ces mesures pour mieux éduquer à la préservation de l’environnement mais aussi aux conséquences qui peuvent avoir si toutefois on n’essaie pas de préserver cet environnement.
Comment va se dérouler ce programme ?
D’abord, nous avons commencé en zone côtière. La phase pilote va bientôt être lancée à Boké. On va s’appesantir sur trois cibles : la mangrove, les tortues marines et les herbiers marins. Ce programme va tenir compte de la prise en compte de covid-19, c’est-à-dire comment est-ce qu’il faut désormais s’y prendre pour face à la biodiversité pour ne pas être confronté à une telle pandémie. Aujourd’hui c’est la Covid-19, mais demain ça peut être une autre pandémie. On a vu Ebola récemment qui avait pour réservoir les espèces de biodiversité notamment la chauvesouris, et aujourd’hui la Covid-19 qui a aussi pour réservoir les espèces de la biodiversité. Donc chez nous, il faut déjà mettre en place ces actions pour sensibiliser les gens et éduquer les jeunes par rapport aux mesures respectables de la biodiversité mais aussi de l’environnement.
Certes vous êtes une grande organisaton. Mais dites-nous, avez-vous procédé à la distribution de quelques kits sanitaires dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 ?
Nous n’avons pas distribué des kits, mais nous avons des organisations qui sont déjà sur le terrain, qui font ce boulot. De notre côté, on a fait des actions de sensibilisation et de formation concernant la protection de l’environnement.
L’humanité vient de célébrer deux journées : l’une porte sur les océans, l’autre sur la lutte contre la sécheresse et la désertification. Quelle analyse faites-vous ?
Ces journées sont très importantes pour tous ceux qui évoluent dans le domaine de l’environnement. Elles permettent chaque année de consacrer au moins une journée pour mener une activité de sensibilisation. Ça nous amène aussi à penser à notre comportement et à notre mode de vie, et avoir une idée que cela peut avoir une conséquence si nos comportements ne sont pas des comportements durables. Donc c’est pourquoi l’humanité a dernièrement célébré ces deux journées pour essayer de sensibiliser les communautés, les scientifiques, les organisations qui ont la charge de la protection de l’environnement, mais aussi de la lutte contre la désertification.
Vous savez l’environnement est très menacé par l’effet de l’homme, or c’est l’homme lui-même qui est mis en danger. Et si nous n’adoptons pas des comportements responsables, les conséquences retomberont sur nous. Et on risque de se retrouver dans des situations difficiles, et c’est ce qu’il faut éviter. Donc ces deux journées ont été saisies comme des opportunités pour passer des messages de sensibilisation, de formation pour des changements de comportement afin que nous puissions avoir un impact positif sur notre environnement.
En ce qui concerne la désertification, c’est un élément très important. Vous savez nous sommes à un moment de changement climatique qui menace aussi l’humanité. Or, le changement climatique et la désertification, sont de cause à effet, vu que les changements climatiques peuvent causer la désertification, mais la désertification peut aussi amener les changements climatiques. Et donc nous devons saisir ces opportunités pour passer des messages de sensibilisation à toutes les entreprises ou organisations qui peuvent avoir des effets néfastes pour que leurs actions ou mode de vie soit améliorés.
Quel appel lancez-vous à l’endroit des Guinéens qui ne croient pas à l’existence de la maladie ?
A chaque fois que je saisis l’opportunité de parler, je passe ces messages de sensibilisation. Dans mon quartier, moi-même j’ai fait des masques que j’ai partagés aux jeunes qui sont autour de moi. C’est une manière de leur dire que la Covid-19 existe. Il faut que les gens y croient d’abord. Ensuite, il faudrait que des mesures qui sont prises puissent être des mesures collectives. Car nous faisons face à une épidémie qui est déjà collective, donc nous devons prendre des mesures qui sont collectives. Et si d’un côté ces mesures sont respectées, et de l’autre côté elles ne sont pas respectées, dans ce cas nos efforts deviennent vains. Donc on interpelle tout un chacun de respecter toutes les mesures édictées par les spécialistes pour que le plan qui est élaboré ‘’Zéro Covid-19 en 60 jours’’ soit effectivement une réalité.
Votre dernier mot ?
Je continue toujours d’interpeler la population à respecter les mesures barrières notamment le lavage régulier des mains, le port des masques surtout dans des lieux publics, le respect de la distanciation, ainsi que d’autres mesures édictées. Donc il faut que les gens aident l’Etat et les structures qui sont au-devant de ces luttes pour arriver à l’objectif visé, pour que les activités puissent reprendre. Car autant que la pandémie dure, ses effets seront beaucoup plus considérables.
Entretien téléphonique réalisé par Sylla Youn, pour eathguinea.org