L’assainissement est l’une des activités qui résiste le mieux face à la menace de la pandémie du Coronavirus en Guinée. Il aura fallu cependant instruire tous les éboueurs au respect strict des mesures barrières, en ce qui concerne les lavages des mains et tant d’autres, afin d’éviter de se faire contaminer par la maladie.

Joint au téléphone, le président de la fédération des gestionnaires de déchets de Guinée, Sory Camara, est revenu sur le déroulement des activités d’assainissement en cette période de Covid-19. Ce dernier qualifie par ailleurs la maladie comme une menace économique pour l’humanité, donc ‘’une préoccupation à la fois sanitaire, économique et sociale’’.

« Selon la fédération des gestionnaires de déchets de Guinée, le Coronavirus est considéré comme un facteur de sous-développement de toute l’humanité », définit-il le concept à l’entame de son intervention, avant de poursuivre.

« Aujourd’hui, le revenu de la population a considérablement baissé, et nous continuons aussi à enregistrer des pertes en vies humaines et surtout au niveau des grandes personnalités ».

Plus loin, il aborde dans le même sens en disant : « Vous savez, on peut arrêter toutes les activités sauf l’assainissement. C’est pourquoi nous avons dit dans notre cri de cœur que les employés de PME d’assainissement sont à la ligne rouge. Parce qu’on peut fermer les écoles, les ministères et beaucoup d’autres services, mais on ne peut pas rester sans prendre les ordures auprès de la population. Donc cela sous-entend que les travailleurs des PME n’ont pas arrêté leurs activités », a-t-il fait savoir avant d’apporter quelques précisions.

« Mais seulement nous avons instruit le respect strict des mesures barrières à tous les éboueurs, en ce qui concerne les lavages des mains, le respect de la distanciation sociale, la désinfection des équipements de protection individuelle ».

« Il faut retenir que le Covid-19 va beaucoup agir sur le PIB de la Guinée », a fait croire notre interlocuteur, « et ça va aussi nous plonger dans un retard qui ne dit pas son nom, parce que vous imaginez, si pendant six mois les activités qui étaient planifiées n’ont pas été exécutées, il faut se rendre compte que toute l’année déjà sera infectée », puis d’ajouter :

« La fédération du gestionnaire de déchets de Guinée est aujourd’hui une plateforme nationale environnementale qui est composée des PME, des GIE, des entreprises qui sont dans le secteur de l’assainissement, mais aussi des centres de recherches et de formation. Nous avons d’abord commencé à définir un plan de riposte de la fédération dans le secteur d’assainissement, parce que quand il y a une pandémie, ça ne sert à rien d’aller dans tous les sens. Il faut d’abord réfléchir pour savoir qu’est-ce qu’il faut pour épargner de nos membres », soutient notre intervenant.

Dans la même lancée, il rappelle qu’un rapport sera publié à partir de la première semaine du mois de juin, un magazine sur le Covid-19. Ce magazine sera un outil de sensibilisation, d’information et de communication auprès de toutes les ONG membres et partenaires de la fédération dans le cadre de la prévention, de suivi et de coordination des activités de riposte au Covid-19.

En ce qui concerne les dons et d’autres actions sur le terrain, il apporte des précisions en ces termes : « Nous avons acheté plus de 500 masques que nous avons distribués. Nous avons aussi fait des plaidoyers auprès de certaines personnes qui sont vulnérables, notamment dans les points de regroupement. Aussi, nous sommes en préparation avec l’agence nationale de développement de la Belgique, avec l’agence nationale de l’assainissement et de salubrité publique, les autres communes de la ville de Conakry, pour intervenir dans les points de regroupement, telle que la décharge de la minière et d’autres zones sensées être critiques, dans la lutte contre le Covi-19 à Conakry ».

Poursuivant, notre interlocuteur a fait un commentaire sur l’affaire de poulets avariés récemment découverts dans une décharge à Concasseur faisant état d’alerte sur les réseaux sociaux ces derniers temps.

« Je pense que c’est très catastrophique en cette période de pandémie où il y a beaucoup de risque de contamination massive de la population. On ne peut pas se permettre en aucun cas d’envoyer les avaries de poulets à la décharge et qu’il y a aucune responsabilité qui est située pour arrêter et traduire ces personnes qui sont en train de commettre les actes abusifs et criminels ».

« Et ce qui il faut retenir, on a toujours dit, les services de contrôle de qualité, le ministère du commerce, l’agence nationale de l’assainissement et de salubrité publique doivent travailler en synergie pour éviter de telle chose. C’est vrai que c’est une décharge mais ce n’est pas un dépotoir de n’importe quoi. Tous les déchets ne méritent pas d’être acheminés là-bas. C’est pourquoi la fédération s’est exprimée avec beaucoup de mécontentement pour dire que la justice du commerce équitable n’est pas respectée en Guinée »

Pour terminer, il dira : « Nous demandons au gouvernement, à travers les ministères en charge de contrôle de qualité, de respecter et de faire respecter les principes qui sont acquis et qui sont en vigueur, surtout que la Guinée est signataire de plusieurs conventions sur le commerce équitable, chaque commerçant est responsable de ses déchets. Et si la marchandise devient déchets, il faut que le responsable commercial trouve des moyens légaux pour pouvoir se débarrasser de ces déchets ».

Sylla Youn, pour earthguinea.org

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