Alors que les vendeuses de poissons se plaignent de la rareté des clients, les pêcheurs, eux, déplorent la qualité du filet utilisé actuellement dans les eaux maritimes de Boulbinet. Ce filet appelé ‘’filet molo’’ est un véritable cauchemar pour les usagers du débarcadère, qui est transporté par les étrangers vers la Guinée.

Ousmane Sylla, vieux de plus de trente ans dans le métier de pêche artisanale, pense que ce type de filet n’est pas le bienvenu dans les eaux guinéennes.

Ousmane Sylla

« Le visage de notre débarcadère n’est plus le même, c’est devenu de la pagaille », regrette Ousmane Sylla, avant de dénoncer. « Avant on n’avait pas besoin d’aller jusqu’en haute mer pour pêcher. Mais maintenant, on est obligé d’y aller. Cela est dû au manque de qualité de matériels dont nous disposons », déplore ce pêcheur, avant de dénoncer.

Des pêcheurs en train de tisser les mailles du Filet Melo

« Aujourd’hui, il y a un filet étranger qu’on a appelle Molo, aucun pays n’accepte ce filet sauf la Guinée. Il ne laisse aucune espèce dans la mer, même les petits poissons. Quand il se coupe dans l’eau, il ne pourri pas. Il ne devient dur que lorsqu’il est dans l’eau. Quand il se coupe, le temps qu’il fait dans l’eau, il peut tuer des tonnes de poissons. On dit que ce sont les bateaux qui tuent les poissons, mais ce filet tue les poissons plus que les bateaux. Il est beaucoup plus utilisé par les étrangers ».

Cet autre ancien pêcheur, Mamadouba Daffé, vice-président de la jeunesse du port de Boulbinet, annonce qu’il existe un type de poisson appelé Espadon, une espèce rarement consommée en Guinée. Si donc rien n’est fait, cette espèce risque de remplacer celles qui se trouvent actuellement sur le marché, telles que Bonga, Bologui, Fagba, Woly et tant d’autres.

« Les autorités n’ont qu’à nous aider à lutter contre ces filets qui pêchent l’Espadon. Les gens qui pêchent ces espadons ont été refusés au Liberia par le gouvernement, ils ont quitté là-bas pour venir s’installer en Guinée. On ne pêche plus les poissons qu’on a l’habitude d’avoir tels que Bonga, Konkoé, Sèri etc. Et si vous vous promenez tout à l’heure dans le marché c’est l’Espadon que vous allez trouver un peu partout », dit-il.

Boulbinet étant l’un des vieux ports artisanaux de Conakry, souffre d’une insécurité notoire, nous confie le vice-président du comité de développement du débarcadère, Abdoulaye Sylla, qui dévoile sa stratégie avec les agents de sécurité, la gendarmerie, la police, la douane et même la marine pour lutter contre ce phénomène.

Abdoulaye Sylla

« Nous avons notre brigade qui surveille le port de la nuit jusqu’au matin. La sécurité maritime aussi est assurée avec les agents de l’Etat, qui veillent sur la sécurité des pêcheurs. S’il y a un problème technique par exemple avec les pêcheurs dans la mer, c’est eux qui s’occupent de les conduire jusqu’au quai. Quand il y a des cas de naufrage, ils interviennent aussi pour sauver des vies ».

En ce qui concerne la sécurité des personnes et de leurs biens dans l’enceinte du port, le responsable portuaire ajoute : « Si par exemple il y a un problème au port de Boulbinet, ou bien on veut détourner une barque, dès que je suis informé de la situation, automatiquement j’appelle mes collaborateurs qui sont dans les différents débarcadères pour voir au cas où cette barque passerait par leur port. Et dès qu’ils appréhendent ils vont la saisir. Et si c’est quelqu’un qui disparait ou qui est kidnappé par les inconnus et transporté par la voie maritime, automatiquement on informe les bureaux CDD de tous les débarcadères, et dès qu’ils voient la pirogue, ils l’arraisonnent ».

Notre interlocuteur n’a pas occulté le fait qu’ils sont  impliqués dans l’assainissement du port, en collaboration notamment avec la société turque de ramassage d’ordures, grâce à l’implication de la maire de la commune, Madame Aminata Touré.

Sylla Youn, pour earthguinea.com

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